Assassinat de Martinez Zogo au Cameroun : l'enquête piétine
17 janvier 2025Au Cameroun, l’enlèvement de Martinez Zogo et la découverte de son corps dans un terrain vague de la banlieue nord-est de Yaoundé avait créé une onde de choc dans le pays et éclaboussé le pouvoir camerounais.
Agé de 51 ans, le populaire animateur de la radio amplitude FM, avait été enlevé le 17 janvier 2023, torturé puis assassiné près de Yaoundé. Martinez Zogo dénonçait notamment les actes de corruption commis dans le pays.
L’enquête sur ce crime avait conduit à l’arrestation de plusieurs personnalités dont l’hommes d’affaires, Jean-Pierre Amougou Belinga.
Ces personnes avaient toutes été inculpées pour divers chefs d’accusation notamment: torture, assassinat, usurpation d’un titre, conspiration de torture, d’arrestation et séquestration, coaction d’assassinat, complicité de torture et violation de consigne.
Une enquête qui piétine cependant selon Didier Ndengue, journaliste et patron du journal en ligne "La Plume de l’Aigle".
Dans cette interview, il revient d’abord sur la liberté de presse au Cameroun à dix mois de la présidentielle prévue en octobre (Cliquez sur l'image pour écouter l'interview ou lire la version écrite, ci-dessous).
DW : Didier Ndengue, que peut-on dire de la liberté de la presse au Cameroun à dix mois de la présidentielle ?
Didier Ndengue : A dix mois de l’élection présidentielle au Cameroun, je dirais que la situation des journalistes n’est pas vraiment menacée. Lorsqu’il y a des dérapages, vous avez le ministère de la Communication qui fait des mises au point. Il y a aussi le Conseil national de la communication, qui veille régulièrement sur l’éthique et la déontologie dans les médias. Vous avez aussi les différents syndicats de journalistes au Cameroun qui s’opposent à toute tentative de museler les journalistes dans notre pays.
DW : Deux ans après que Martinez Zogo a été enlevé et retrouvé mort. Deux ans plus tard qu’en est-il de la liberté de la presse au Cameroun ? Cela a-t-il eu des répercussions sur les journalistes ?
Didier Ndengue : La mort tragique de Martinez Zogo, chef des chaînes FM d’amplitude près de Yaoundé, a eu des répercussions sur la pratique du journalisme. Parce que, les journalistes camerounais, pour certains, travaillent avec la peur au ventre. Il y a des gens qui craignent de prendre des risques, de faire des enquêtes, des enquêtes en profondeur pour pouvoir révéler certaines choses, parce qu’ils ont peur de se retrouver dans les mêmes conditions que Martinez Zogo. Ils craignent d’être enlevés et battus et peut être torturés et peut être tués comme Martinez Zogo. Les uns et les autres travaillent en prenant moins de risques parce que nous ne savons pas qui nous suit. On ne sait si le téléphone est sur écoute. On travaille avec beaucoup de réserves. Mais cette situation n’a pas totalement ref et certains journalistes qui tentent encore de faire des dénonciations plus ou moins vraies. Mais ils effectuent leur travail en disant oui, nous avons eu un collègue qui a été assassiné, mais cela ne signifie pas que nous allons arrêter de faire notre travail et de la plus belle façon.
DW : Alors, où en sommes-nous avec la procédure judiciaire concernant l’assassinat de Martinez Zogo ?
Didier Ndengue : Selon les médias, le procès n’avance pas ces derniers temps. C’est un peu coincé du côté de Yaoundé. Nous ne pouvons pas obtenir plus d’informations de manière concrète, d’une manière globale. Selon les gros titres de certains quotidiens, le dossier n’avance pas véritablement.