Qui pour succéder au sultan Ibrahim Mbombo Njoya?
28 septembre 2021Dans la cour du palais royal des Bamoun ce lundi soir (27.09 2021), le chef des notables entouré des Kom, c'est-à-dire les plus grands dignitaires du royaume dans l'ordre traditionnel, des reines, princes et princesses, a la voix lourde : "Bamoun, Bamoun, Bamoun, l'obscurité ensevelit le royaume bamoun. Le roi des Bamoun retourne à ses aïeux. Que tous les Bamoun enlèvent leur chapeau dans toute cette cour royale, et ne le remettent plus jusqu'à ce que le roi revienne" pouvait-on entendre. Ainsi est officialisée au crépuscule la nouvelle de la mort du sultan Ibrahim Mbombo Njoya, le 19e monarque de la dynastie Nshare Yen.
La question de la succession
Né le 27 octobre 1937, le sultan Mbombo Njoya aura régné 29 ans sur son royaume. Cet ancien élève de l'Institut d’études administratives africain de Dakar a officié dans l'administration publique à partir de 1958, puis comme ministre à partir de 1965 et ambassadeur à partir de 1970, avant de prendre le trône de son père en 1992.
Il était en évacuation sanitaire à Paris pour une forme grave de la Covid-19. Désormais se pose la question de son successeur. Selon le Professeur Matateyou, élite bamoun. "Pour le nouveau roi, la désignation se fait en un lieu secret par les hauts dignitaires qui doivent se retrouver avec des instruments de désignation du roi et avec tout ce qu'il faut pour que le testament soit exécuté et pour que le nouveau roi soit désigné et connu " explique t-il.
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Ibrahim Mbombo Njoya laisse derrière lui plusieurs veuves dont une Américaine et de nombreux enfants, dont l'un à la tête de la Fédération camerounaise de football et l'autre à la tête de la Fédération camerounaise de handball.
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Un nom et des conditions
Un nom circule cependant, qui pourrait être le prochain roi des Bamoun : Nabil Mbombo Njoya, un jeune administrateur civil de 28 ans, officiant comme chef de cabinet du gouverneur du Sud du Cameroun. Quoi qu'il en soit, le nouveau roi des Bamoun, selon la tradition, devra être un fils né sur le trône. Il devra quitter définitivement son emploi actuel, prendre de nouvelles épouses quel que soit son statut matrimonial. En attendant ce nouveau roi, le peuple bamoun n'est autorisé à porter ni chapeau ni chaussures, précise le professeur Matateyou. "Tous les Bamoun normalement doivent se décoiffer et circuler sans coiffure désormais " ceci jusqu'à l'inhumation du roi explique Matateyou qui précise également qu' ils doivent marcher pieds nus. Ce sont là, selon lui "des symboles qui attestent de la douleur ressentie par les uns et les autres."
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Sur le plan culturel, Ibrahim Mbombo Njoya n'aura pas inauguré l'impressionnant musée du palais royal pourtant achevé depuis de nombreuses années. Ce sultan était aussi un confident du président Paul Biya. Le RDPC, dont il était le patron dans l'ouest du Cameroun, fait face dans leur région à l'UDC de son cousin Adamou Ndam Ndoya, lui-même décédé en mars 2020.
La disparition des deux leaders en l'espace d'un an semble présager d'un climat politique nouveau dans le département du Noun et une nouvelle distribution des cartes à l'échelle du pays. La dynastie des Bamoun fut fondée au XVe siècle par le roi Nshare Yen, presque cinq siècles avant le tout puissant sultan Ibrahim Njoya Seidou, le grand-père du défunt Ibrahim Mbombo Njoya.