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Au Cameroun, les séparatistes "détruisent notre avenir"

16 décembre 2021

Selon Human Rights Watch, les attaques des groupes séparatistes contre les élèves, les enseignants et les écoles dans les régions anglophones du pays ont eu un impact sur le droit des enfants à l’éducation.

Une salle de classe désertée à Numba, dans le sud-ouest du Cameroun
Une salle de classe désertée à Numba, dans le sud-ouest du CamerounImage : Adrian Kriesch/DW

700.000, c'est le nombre d'enfants qui ont été privés d'accès à l'éducation selon Human Rights Watch (HRW). L’ONG de défense des droits de l’Homme a documenté de manière détaillée 15 attaques au cours desquelles des combattants séparatistes ont ordonné la fermeture d'établissements et détruit des infrastructures scolaires.

Pour Illaria Allegrozzi, chercheuse chez HRW et auteure du rapport, ces attaques, en plus de causer des dommages physiques et psychologiques, mettent en péril l'avenir de dizaines de milliers d'enfants au Cameroun.

"Notre rapport montre comment les combattants séparatistes ont ordonné un boycott des écoles, comment ils ont tué, passé à tabac, kidnappé, menacé, terrorisé des centaines d'élèves et d'enseignants dans les régions anglophones. Ils ont harcelé et intimidé des familles pour qu'elles retirent leurs enfants de l'école. Ils ont également brûlé, détruit, endommagé et saccagé des dizaines d'écoles et les ont utilisées comme base", explique à la DW, Illaria Allegrozzi.

Stratégie perverse

La crise dans les régions anglophones du Cameroun a débuté en 2016. Dans son rapport, Human Rights Watch indique que  "dès le début de l'année 2017, les combattants séparatistes ont commencé à ordonner et à faire appliquer un boycott des écoles, révélant aussi une stratégie perverse visant à faire pression sur le gouvernement pour obtenir une reconnaissance politique".

Les explications de Wendy Bashi

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"L'Etat a le devoir de protéger les citoyens, les civils et leurs biens. Les séparatistes aussi doivent faire la même chose. On ne peut pas utiliser les enfants, l'école pendant une guerre !

Il y a des endroits dans le monde où on qualifierait cela de crimes de guerre, le fait de s'attaquer aux écoles et d'utiliser les enfants", affirme pour sa part le président du Centre pour les droits de l'homme et la démocratie en Afrique. Il estime par ailleurs que ces crimes sont très graves et on en parle trop peu.

Enquête requise

Human Rights Watch incite  les autorités camerounaises à enquêter de manière impartiale sur les attaques contre l'éducation.

"En ma qualité d'avocat, j'ai dû défendre des familles dans cette crise, des civils qui sont des victimes et même des personnes qui sont directement impliquées dans la crise. Selon moi, la seule issue de sortie de crise c'est qu'il faut vraiment que les deux parties qui sont en conflit puissent sortir de leurs positions extrémistes. Et par une voie de justice, réconciliation et paix on peut espérer que la paix pourra revenir. Tout dépendra de la volonté politique des différents partis politiques engagés", soutient Maître Richard Tamfu, avocat au barreau du Cameroun et du Nigeria.

Photo d'un jeune, tué dans la partie anglophone du CamerounImage : Adrian Kriesch/DW

Selon l'Unicef, en 2019, quelques 850.000 enfants étaient privés d'école dans les régions anglophones du Cameroun. Le 24 novembre dernier, quatre élèves et une enseignante ont été tués à la suite de l'attaque d'un lycée par des hommes armés dans la région Sud-Ouest du pays.