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Au Cameroun, des taximans sommés de peindre leurs véhicules

Elisabeth Asen
24 juin 2024

Les separatistes Ambazoniens exigent que les chauffeurs de taxis peignent leurs véhicules en bleu et blanc, les couleurs du drapeau de l'Ambazonie. Les véhicules de ceux qui refusent sont incendiés.

Scène de rue au Cameroun (Foumban, 2022)
Les taxis sont contraints parfois de changer la couleur de leur voiture en zone anglophoneImage : Emin Danmez/AA/picture alliance

À Bamenda, au Cameroun, depuis un mois déjà, les chauffeurs de taxi sont pris entre deux feux: celui des groupes séparatistes qui veulent imposer le changement de couleur des taxis et les groupes armés qui s'y opposent.

Les taxis qui gardent la couleur jaune sont incendiés par les séparatistes, rendant ainsi la circulation  particulièrement difficile pour les populations, explique Ben, taximan dans la ville :

Les régions du Sud-Ouest et du Nord-Ouest du Cameroun sont anglophones

"Maintenant, si tu as une voiture en ville qui a des couleurs bleu ou blanche, si c'est un taxi ou pas, les policiers vont t'arrêter. Il y a des heures où les taxis ne circulent pas. Si tu es à Bambili à partir de 17h, pour trouver un taxi pour la ville, ce n'est pas facile. Et même quand tu réussi à l'avoir, tu payes plus chère 600-700... à partir de 18h, impossible de trouver un taxi. Même en journée pour aller à Ntarikon c'est difficile, les taximen refusent d'y aller parce que là-bas on brûle beaucoup les taxis", soutient  le taximan.

Un lourd fardeau et baisse du nombre de taxis

Les coûts de remplacement des véhicules incendiés sont un fardeau écrasant pour de nombreux chauffeurs indépendants comme Tibah, 42 ans et père de famille.

Il explique que "depuis ce conflit, on ne travaille plus. Il y a les villes mortes, les heures pour circuler sont réduites, les gens qu'on doit transporter ont peur et restent chez eux. Du coup nous on est au chômage. Tibah ajoute, maintenant, on nous demande de changer la couleur de nos taxis, avec quel argent allons nous faire cela ? Ceux qui ont changé la couleur ont été arrêtés par la police. Comment allons-nous faire?", s'interroge Tibah.

Les explications d'Élisabeth Asen à Yaoundé

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Résultat des tensions : le nombre de taxis en circulation à Bamenda a nettement baissé. Vendredi dernier, une rencontre entre taximen et autorités a eu lieu pour discuter des mesures à prendre face à ces attaques croissantes... mais elle n'a pas vraiment porté ses fruits, explique, sous anonymat, un membre du syndicat de taximen.

"On a l'impression qu'ils veulent politiser la chose or c'est des vies des populations qui sont en danger. Tout ça a commencé avec les restrictions sur les motos taxis, on a demandé qu'ils lèvent ces mesures mais ils ont refusé ! Il n'y a pas de solution jusqu'ici ! On continue de brûler les taxis, ça fait deux jours, un taxi a été brûlé à church street".

Pour les groupes séparatistes, il s'agit avec cette nouvelle tactique d'étendre leur emprise sur la population civile tout en étendant leur autorité dans les régions anglophones du pays. Mais pour les habitants, le climat n'en est que plus oppressant et la situation met, une fois encore, en lumière les défis sécuritaires et économiques auxquels font face les communautés du Nord-Ouest du Cameroun.