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Cameroun : quand l'exploitation minière pollue

Henri Fotso
14 janvier 2025

Au Cameroun, l'exploitation des ressources minières créent parfois des préoccupations sanitaires et environnementales, comme dans le cas de l'extraction de l'or à Batouri.

Des mineurs sur un site d'exploitation de l'or
Le Cameroun dispose de plusieurs sites miniersImage : picture-alliance/dpa/S. Gätke

Le Cameroun dispose d'importants gisements de minerais de toutes sortes : de fer de Mbalam, dans l'est, de l'uranium à Poli, dans le nord, de l'or à Bétaré Oya et Batouri, dans l'est, et les gisements de pétrole offshore du Sud-Ouest.

À Batouri, des exploitants d'or étrangers, parmi lesquels figurent des Chinois, ont désormais damé le pion aux artisans locaux. Pour Ahmed, un jeune habitant de la région, cette exploitation plus massive des gisements représente un drame écologique.

Des dangers pour la santé

" L'exploitation minière a amené les sols à perdre leur valeur.Les producteurs ont confirmé que les productions ont chuté de près de 50%" explique Ahmed en précisant que c'est "parce que certains marécages où l'on produisait également en grande quantité ont été inondés". Par ailleurs selon toujours le jeune mineur "les produits comme le mercure qui sont évacués dans la nature ne facilitent plus la production de certains vivres".

C'est aussi l'avis du docteur Roger Etoa, médecin du travail, qui, pointant du doigt une certaine complaisance des autorités, parle des carrières sauvages d'or à Batouri.

Ecoutez le reportage d'Henri Fotso

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"Les exploitants miniers dans les carrières d'or utilisent certains produits chimiques, par exemple le mercure qui est très fréquent et dont le rôle est d'amalgamer l'or" explique le médecin qui cite également le cyanure "qui est utilisé dans le processus de lixiviation pour extraire l'or", et enfin, il y a également "certains acides utilisés pour dissoudre les minerais."

Le docteur Etoa s'inquiète des conséquences de l'utilisation de ces produits. Pour lui, si rien n'est fait, dans quelques années, Batouri ressemblera à une ville zombie avec des malades de cancers que personne ne pourra soigner.

Selon lui "que ce soit l'or, le cyanure, certains acides, ils sont considérés comme des poisons qui peuvent donc entraîner certains problèmes de santé immédiats". 

Il donne l'exemple "des problèmes de peau", tout en précisant qu'il peut y avoir "des éruptions cutanées ou des brûlures cutanées, des problèmes digestifs avec des gastroentérites, ou alors des formes d'empoisonnement."

L'action du gouvernement

Le gouvernement tente de lutter contre la pollution et la destruction de l'environnement des sites miniers. Mais sans succès, affirme le jeune Ahmed qui vient de visiter le site dit "Village d'or de Batouri", tenu par un exploitant chinois.

Jacques Afti, délégué régional du ministère des Mines, se veut, lui, rassurant. Il indique que le gouvernement, qui a suspendu certaines exploitations à partir de septembre 2024, a atteint ses objectifs d'assainissement.

Depuis la suspension, aucune activité n'est menée sur le terrain assure-t-il tout en précisant que "le ministre des Mines a prescrit la mutation à un système clos qui puisse véritablement éviter que ces substances nocives se retrouvent dans l'environnement."

Ce système novateur viserait aussi l'amélioration du chiffre d'affaires et une plus grande transparence dans la gestion des quotes-parts.

L'Etat du Cameroun et ses partenaires du Consortium Codias S.A, Xin Mining et Yucam, ambitionnaient d'installer au moins dix unités d'exploitation en vase clos avant fin 2024. Mais selon nos informations, tel n'est pas encore le cas en janvier 2025.

Henri Fotso Correspondant au Cameroun pour le programme francophone de la Deutsche Welledwfrancais