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Cameroun : le choc après la mort de sept écoliers

Elisabeth Asen
26 octobre 2020

Une tuerie attribuée aux sécessionnistes a fait au moins sept morts à Kumba (Sud-Ouest), samedi dernier. L’indignation est grande au sein de la population.

Au moins sept éleves ont été tués par des combattants sécessionnistes à Kumba
Au moins sept éleves ont été tués par des combattants sécessionnistes à KumbaImage : Tamfu Ciduan Ndimbie/My Media Prime TV/Reuters

Sept morts et une dizaine de blessés au Cameroun, c'est le bilan provisoire d'une attaque des sécessionnistes, le 24 octobre dernier, dans une école à kumba, dans le Sud-Ouest du pays. Les sécessionnistes se sont introduits à l'école "Mother Francisca international", trouvant ainsi les apprenants en plein cours. Ils ont ouvert le feu sur les élèves.

Des soldats de la Brigade d’intervention rapide (BIR)Image : Getty Images/AFP

Si c'est un message que les séparatistes ont voulu passer au pouvoir de Yaoundé, c'est en tous cas un message très fort qui a plongé le pays dans la consternation. Les habitants de Kumba ne se sont pas encore remis de ces atrocités. C'est le cas de Gwendoline et Eléonore, qui vivent dans cette localité du Sud-Ouest du pays :

"Les enfants sont allés à l'école, ils ont été tués. Ils ont tiré sur eux, découpé certains. 14 sont morts sur le coup."

"Ces gens sont entrés chez mes parents ils ont pris les téléphones et laptops. Grâce à Dieu, ils ne leur ont pas fait de mal."

"C'est tellement grave ici, l'affaire de Kumba, c'est très grave. Je ne dors même plus."

Bilan macabre

Sept enfants âgés de 7 à 12 ans ont été tués, et une dizaine d'autres blessés. Une borne de trop franchie dans la guerre au Nord-Ouest et Sud-Ouest du Cameroun. Pour Edith Kah Walla, la présidente du Cameroon People's Party (CPP), le régime a failli :

"Quatre ans c'est suffisamment de temps pour comprendre que le gouvernement a eu une mauvaise stratégie. En tant que responsable de la sécurité de chaque Camerounais, il a failli. Des personnes armées ont tué des enfants, il n'y a pas de mots pour décrire cela. Nous ne voulons plus perdre d'enfants. Que le gouvernement arrête de penser que, par la répression, il y aura la paix."

Sisiku Ayuk Tabe, le leader sécessionniste a été condamné à 20 ans de prison en août 2019Image : Youtube

Depuis sa cellule, Sisiku Julius Ayuk Tabe a réagi via un tweet. Le leader ambazonien attribue le tort à une autre faction de sécessionnistes avec qui il dit ne pas partager les mêmes idéologies.

Quant à Success Nkongho, un ex-combattant sécessionniste, il émet des accusations graves. Depuis le Nigeria où il est exilé, il affirme qu'il s'agit de bandes armées mandatées par ceux qu'il appelle ici "des ennemis internes" :

"Ces groupes sécessionnistes bénéficient du soutien de certains ennemis intérieurs. Quand vous regardez le gouvernement camerounais, beaucoup ne veulent pas que la paix revienne. Chaque effort entrepris pour le retour de la paix est saboté, tout simplement parce que les gens veulent gagner de l'argent. Des personnes se sont enrichies grâce à cette guerre."

Pourquoi les écoles ?

Ces actes ont été fortement condamnés par la communauté internationale. Dans un communiqué, le ministre de la communication, René Emmanuel Sadi, a affirmé que "l'objectif des sécessionnistes est de briser la dynamique observée dans la reprise des classes dans le cadre de la rentrée scolaire 2020/2021 dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, et par là, de dissuader les parents d'envoyer leurs enfants à l'école".

Écoutez les explications d’Elisabeth Asen à Yaoundé

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"Le boycott des écoles était une stratégie des séparatistes ces dernières années. 700.000 jeunes environ étaient en dehors du système scolaire à cause du conflit", a expliqué à l'AFP, Arrey Elvis Ntui, analyste senior de International Crisis Group au Cameroun.

"Le gouvernement et la société civile anglophone ont mis beaucoup de pression sur les groupes séparatistes pour que leurs enfants retournent à l'école, et des écoles qui étaient fermées depuis des années, ont commencé à rouvrir", ajoute le chercheur.

Les écoles avaient déjà été une cible dans le passé récent, mais n'avaient jamais connu un massacre d'une telle ampleur. Mi-mai, un enseignant de l'université de Bamenda (Nord-Ouest) avait notamment été abattu par des séparatistes car il refusait d'arrêter de faire cours, selon l'ONG Human Rights Watch (HRW).

Les combats au Cameroun anglophone, mais aussi les exactions et meurtres de civils par les deux camps, selon de nombreuses ONG, ont fait plus de 3.000 morts et forcé plus de 700.000 personnes à fuir leur domicile.

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