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Liberté de la presseCameroun

Le Cameroun, un pays dangereux pour les journalistes

La rédaction francophone
11 octobre 2023

Ebenezer Ndiki a été enlevé puis retrouvé à son domicile, blessé et à peine conscient. Une attaque qui illustre, une fois de plus, à quel point la liberté de la presse est fragile au Cameroun

Des journalistes protestent contre l'assassinat de journalistes à Bamenda
"Je suis une journaliste et non une criminelle" : manifestation en mai 2023 à Bamenda, dans le nord-ouest du CamerounImage : Mbuh Stella/DW

Au Cameroun, Ebenezer Ndiki, vient de retrouver sa rédaction après quatre jours de disparition. Le rédacteur en chef de la Radio Tiemeni Siantou affirme avoir été drogué et battu. Des captures d'écrans d'une conversation avec un arnaqueur présumé sur le portable de Ndiki, circulant sur un forum WhatsApp, avait alerté ses collègues vendredi dernier. Il a raconté à la Deutsche Welle ce qu'il a vécu ce jour-là :

"Un monsieur est arrivé, il m'a proposé de prendre le café. Il m'a offert un capuccino, mais il n'a pas bu le sien. Dès que j'ai bu mon corps a complètement changé. Ils m'ont fouetté et cogné. En ce moment je ne peux plus écrire."

Ce récit du rédacteur en chef de la radio Siantou, est une histoire connue de plusieurs journalistes camerounais. Des journalistes qui continuent d'être soumis à de graves pressions, risquant notamment des attaques et des détentions arbitraires, et même la mort.

Le journaliste camerounais Martinez Zogo a été enlevé par des hommes non identifiés le 17 janvier 2023, puis retrouvé mort cinq jours plus tard. Image : Daniel Beloumou Olomo/AFP/Getty Images

Le gouvernement dément toute responsabilité

En mars 2022, le journaliste Paul Chouta, connu pour ses critiques envers le gouvernement, a été enlevé par des inconnus qui l'ont agressé et l'ont gravement blessé au visage et à l'oreille.

En janvier 2023, c'est Martinez Zogo qui après avoir été enlevé, a été torturé à mort. Maître Calvin Job, avocat de la famille de Martinez Zogo, espère que la justice camerounaise sera à l'avenir plus ferme concernant les agressions de journalistes malgré des progrès limités : Il y a un déficit organisationnel au sein de la corporation, aussi en cas d'enlèvement", déplore-t-il. "Dans le cas de Martinez Zogo, il y aura un avant et un après dans le traitement de ces affaires-là."

Mais le ministre de la Communication du Cameroun dément toute implication du gouvernement quant au harcèlement des journalistes camerounais : "Les journalistes camerounais n'ont pas de soucis à se faire" affirme René Emmanuel Sadi. Les attaques ne viennent pas du gouvernement de la République mais d'individus."

Le journaliste Ebenezer Ndiki compte porter plainte afin que la lumière soit faite sur cette agression qui a failli lui coûter la vie.