Présent dans les batteries usagées, les peintures anciennes, les carcasses de voitures et même dans l’air, le plomb est omniprésent dans l’environnement camerounais. Et pourtant, ses dangers restent largement méconnus.
Kadidja Mama, mère de famille, a découvert la toxicité du plomb grâce à une campagne de sensibilisation menée par le gouvernement et l’UNICEF. Depuis, elle adapte ses gestes du quotidien et informe son entourage.
Sa belle-sœur enceinte, Brigitte Njitouo, prend elle aussi désormais des précautions pour elle et son futur enfant. Car les plus vulnérables – femmes enceintes et enfants – sont les premières victimes de cette pollution silencieuse.
Des taux alarmants de plomb à Yaoundé et Douala
Une étude du Centre de Recherche et d’Education pour le Développement (CREPD) révélait en 2018 des taux trop élevés de plomb dans le sang des enfants à Yaoundé, avec une moyenne de 8,7 µg/dl, bien au-dessus de la norme de 3,7 µg/dl.
À Douala, les sols proches des sites industriels affichent des concentrations dépassant parfois 150 000 parties par millionnième (PPM).
Pour l’ingénieur Gilbert Bello Basokdou, les effets du plomb sont souvent sous-estimés : "L’intoxication est chronique. Elle peut provoquer des maladies graves comme des insuffisances cardiaques ou rénales, et chez les enfants, des retards de croissance."
Le Camerouna été pionnier en Afrique en réglementant le plomb dans les peintures dès 2017 et en éliminant le plomb des carburants. Mais les risques persistent, notamment dans les zones industrielles et les habitations anciennes.
Aujourd’hui, Kadidja Mama sensibilise même dans le garage de son mari, technicien automobile. "Nous avons appris que ce que nous manipulons avait beaucoup de plomb", témoigne Diderot Mama. Des gestes simples comme se laver, changer de vêtements ou créer un vestiaire peuvent réduire les risques.
Le combat contre le plomb continue, porté par des citoyens engagés. Mais pour protéger les générations futures, une mobilisation plus large reste indispensable.