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Cameroun : la possible candidature de Paul Biya fait débat

3 janvier 2025

Lors de son discours du 31 decémbre dernier, Paul Biya a laissé entendre qu'il pourrait briguer un autre septennat lors des prochaines élections.

Paul Biya est né le 13 février 1933 à Mvomeka'a
Paul Biya est président de la république depuis novembre 1982Image : Jemal Countess/UPI/newscom/picture alliance

Dans sa traditionnelle adresse à la nation à l'aube de 2025, Paul Biya a fait un état des lieux de plusieurs secteurs vitaux de la vie du Cameroun : sécurité, économie, infrastructures, conditions de vie, gouvernance politique et transparence.

À moins d'un an des élections régionales et présidentielle, Paul Biya a aussi exhorté les acteurs politiques camerounais à faire preuve de maturité et de patriotisme.

"Je puis vous assurer que ma détermination à vous servir demeure intacte et se renforce au quotidien face à l'ampleur des défis auxquels nous sommes confrontés", a ajouté Paul Biya. Des propos perçus par certains leaders politiques comme une déclaration tacite de candidature à la présidentielle d'octobre 2025.

Une annonce critiquée

Une éventualité que réfute le président du Front des Démocrates Camerounais (FDC). Selon Denis Emilien Atangana, en raison de l'immobilisme du système de gouvernance actuel du pays, Paul Biya ne doit plus briguer un autre septennat.

L'interview de Denis Emilien Atangana

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"Nous venons de passer sept ans et on n’a pas eu de conseil ministériel. On n’a pas vu le président Biya visiter un chantier. On n’a pas vu le président Biya présider le Conseil supérieur de la magistrature. Et on a l'impression aujourd'hui que le pays est plutôt gouverné par des hautes instructions et qu'un nouveau mandat serait un suicide", assure-t-il au micro de la DW.

"Ce serait retarder le Cameroun, renvoyer le Cameroun pratiquement à un royaume. Honnêtement, nous pensons que le président a beaucoup donné et qu'il mérite de se reposer."

Pas d'alternative crédible

Stéphane Akoa, politologue camerounais et chercheur à la Fondation Paul-Ango-Ela, estime pour sa part qu'en l'absence d'alternative crédible, l'option Paul Biya devient inéluctable chez certains Camerounais.

L'interview de Stéphane Akoa

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"Beaucoup de gens ne voient pas l'âge comme étant un problème. Très certainement, dans l'opinion, beaucoup de personnes ne considèrent pas que c'est un obstacle, que cela pose problème", estime-t-il.

"Beaucoup ne s'arrêtent pas d'ailleurs non plus réellement à la question du bilan. Ceux qui sont les plus modérés estiment que finalement, le champ politique camerounais s'est vidé et qu'il n'y a pas beaucoup de bonnes candidatures qui pourraient s'opposer ou remplacer la candidature de Paul Biya s'il décidait de ne pas se présenter."

Presque 43 ans au pouvoir

Au pouvoir depuis près de 43 ans, Paul Biya va fêter, le 13 février prochain, ses 92 ans. Il demeure toujours le président de son parti, le Rassemblement démocratique du peuple camerounais, et donc le candidat naturel à la présidentielle conformément aux textes de base de sa formation politique.

Fin décembre, Jacques Fame Ndongo, ministre de l'Enseignement supérieur et secrétaire à la communication du RDPC, a appelé à une nouvelle candidature du président camerounais en invoquant trois raisons : la Constitution, son parti et sa base militante.

Dans la perspective des élections régionales et présidentielle de cette année, Elections Cameroon (Elecam) a annoncé, le 30 décembre dernier, la « disponibilité des listes actualisées du fichier électoral ». Au total, et selon ces listes, 7 845 622 électeurs sont régulièrement inscrits. Des chiffres contestés par une partie de l'opposition.