1. Aller au contenu
  2. Aller au menu principal
  3. Voir les autres sites DW

Loin des festivités, l'histoire du stade Alassane Ouattara

8 janvier 2024

Plus d’un millier de familles exigent toujours des réparations, lésées lors de la construction du stade à Abidjan qui accueille l'ouverture de la CAN samedi.

Vue extérieur du stade Alassane Ouattara
La Côte d'Ivoire et la Guinée-Bissau joueront le match d'ouvertureImage : Sia Kambou/AFP/Getty Images

Ce samedi 13 janvier, le stade olympique d’Ebimpé dans la banlieue d’Abidjan accueille la cérémonie d’ouverture de la CAN 2023, qui a lieu cette année en Côte d'Ivoire, du 13 janvier au 11 février prochain.  

Pour sa construction de ce stade, des propriétaires du village d’Ebimpé ont été expulsés, parfois sans réparation. 

Depuis plus de sept ans, certains attendent toujours d’être relocalisés ou dédommagés. Pus d'um millier de personnes ne savent plus à quel saint se vouer. Toutes leurs démarches sont restées infructueuses.  

Dans le quartier de N’Dotré, à quelques encablures du stade d’Ebimpé, dans cette maison de deux pièces que Mawa Traoré a trouvé refuge. Sa maison a été démolie dès le démarrage des travaux de construction du stade olympique d’Ebimpé. Elle se remet difficilement de ces évènements.  

"Avant, je travaillais, et j’ai gagné un peu d’argent. Je me suis acheté une parcelle de terre pour construire une maison avec trois chambres et un salon. Un jour, en revenant du travail, j’ai retrouvé ma maison détruite. Ils avaient sorti toutes mes affaires", confie Mawa. 

Le primes de la CAN vont encore augmenter pour cette édition 2024Image : Sia Kambou/AFP/Getty Images

Collectif des déguerpis 

La construction du stade olympique d’Ebimpé a nécessité l’expulsion de plus d’un millier de familles dont celle de Samaké Yaya. Il dort depuis à quelques mètres du site non loin des gravas de sa maison, dans une maison de fortune. Pour lui, les machines n’ont pas seulement détruit sa maison, elles ont aussi démoli sa vie et brisé sa famille. 

"Après avoir fini de gagner un chez moi, je ne me vois encore aller rester chez quelqu’un", explique Samaké. 

Kassoum Fofana, l'un des responsables du collectif des déguerpis d’Ebimpé, plaide auprès du gouvernement ivoirien et de la chefferie du village d’Ebimpé pour un règlement rapide et définitif de cette situation qui, dit-il, a trop duré.  

"On a dit que le chef du village d’Ebimpé n’avait qu’à trouver un site pour pouvoir nous recaser, raconte-t-il. Et il a trouvé le site mais il est question de payer la purge du droit coutumier. Et jusque-là, cela n’a pas été fait." 

Ecoutez le reportage à Abidjan...

This browser does not support the audio element.

Le gouvernement se justifie 

Et cela fait quatre ans que cela dure. A la chefferie d’Ebimpé, le dossier est effectivement bien connu. Jonas Ada Doffou, le porte-parole, se dit impuissant. "Chaque semaine je les reçois, se désole-t-il. Et ils pensent que c’est nous, la chefferie d’Ebimpé, qui avons bloqué le projet. On se bat pour que le dossier puisse avancer." 

De son côté, le gouvernement livre son explication. Mais au ministère de la Construction, le directeur de cabinet est formel : le site est classé d’utilité publique. Par conséquent, il ne devrait pas être habité.

Alexandre Kouamé, directeur de Cabinet du ministre de la Construction, assure que "ce qui coince, c’est qu’il y’a des vérifications à faire. Nos services techniques sont allés délimiter la zone. Mais comment puis-je payer monsieur X qui est détenteur de droit coutumier ? Et pour le payer, il faut que je sois sûr que celui qui se réclame être déguerpi du coin n’ait pas un papier donné par quelqu’un des 76 détenteurs." 

Ces 76 détenteurs recevront près de 6 milliards de francs CFA de la part de l'Etat ivoirien, en dédommagement des parcelles pour la construction du stade d’Ebimpé, alors que les 1000 familles déguerpies devront encore attendre.