Cameroun : plus de 80 candidats déclarés à la présidentielle
25 juillet 2025
A Cameroun, plus de 80 personnes ont déposé leur dossier de candidature à l'élection présidentielle d'octobre prochain. Beaucoup étaient jusque-là inconnues ou restées discretes depuis le dernier scrutin en 2018. Leurs motivations vont d'un sentiment de révolte face à plus de quatre décennies de règne de Paul Biya et une opposition incapable de créer un front commun. D'autres prétendants espèrent gagner en visibilité sur la scène politique au-delà de la présidentielle.
Selon un communiqué d'Elecam, l'organe qui organise le processus électoral, la liste finale des candidats retenus sera publiée ce samedi à midi.
Parmi les prétendants, il y a certes des personnalités bien installées sur la scène politique, mais on retrouve aussi des candidats dont le public ignorait jusqu'à présent les ambitions politiques.
C'est le cas du journaliste et directeur de publication Roger Chantal Tuile, qui s'est illustré par le passé par ses articles très critiques du pouvoir. Il semble désormais vouloir passer du rôle d'observateur de l'actualité à celui d'acteur du changement politique.
Des visages connus, mais pas en politique
Autre candidat très en vue, l'artiste Papillon, de son vrai nom Din Din Ferdinand. Après avoir été écarté de la course en 2004, il refait ainsi son entrée en politique plus de 20 ans après. Il peut profiter de sa popularité de musicien, mais aussi de sa présence bien établie sur les réseaux sociaux. Et à ceux qui le soupçonnent de vouloir simplement doper sa carrière artistique, il répond : "Ceux qui se moquent de ma candidature sont les premiers rigolos. Ils doivent savoir qu'en 2004, les fonctionnaires de l'administration territoriale m'avaient découragé par des intimidations, par des menaces. Mais cette fois-ci, avec mon expérience et ma détermination, ce n'est pas pour animer la galerie. Je compte sur mes milliers de fans et patriotes épris de changement pour battre mes concurrents politiques ce 12 octobre 2025. Si l'Elecam et le Conseil Constitutionnel jouent franc jeu, je suis sûr, vraiment sûr de gagner cette élection".
Parmi les plus jeunes candidats, on retrouve André Marie Dibamou. A 35 ans, il s'est lancé dans la politique après le dernier scrutin présidentiel et est monté en puissance depuis. Aujourd'hui, il veut représenter une des voix de la jeunesse : "Je suis motivé par les problèmes des camerounais, par les difficultés que la jeunes rencontrent, et je me suis dit qu'il n'y a que cette jeunesse pour comprendre, pour apporter des solutions durables qui lui ressemblent."
Semblant de vie démocratique
Près de la moitié des 82 candidatures déposées à l'Elecam sont indépendantes. Sept seulement ont été déposées par des femmes.
Autant de prétendants, c'est du jamais vu pour une présidentielle.
Selon l'expert en politique Success Nkongho, il s'agit d'une manoeuvre du pouvoir pour donner une fausse impression de démocratie. Il estime que "de la même façon qu'ils ont fabriqué les faux observateurs de Transparency International pendant les élections présidentielles de 2018, c'est de la même façon qu'ils ont fabriqué les faux Ambazoniens. C'est de la même façon qu'ils ont fabriqué les faux leaders opposants politiques dans les élections présidentielles de 2025. Ça c'est une manière de manipuler l'opinion publique, manipuler la communauté internationale. Je veux que le monde entier sache que Monsieur Biya est absent. Monsieur Biya n'est plus actif. Et c'est pour cela qu'il y a le désordre dans le Cameroun. C'est une honte pour notre pays."
Plusieurs candidatures risquent d'être rejetées au nom d'un règle qui veut qu'un parti ne peut présenter deux candidats. C'est étonnement le cas pour le RDPC, la formation de Paul Biya, qui présente à côté du président sortant un autre candidat, Léon Theiller Onana. Le parti historique UPC a également investi trois candidats.