Un autre allié lâche Paul Biya avant la présidentielle
30 juin 2025
S'exprimant après une réunion du congrès extraordinaire de son parti, l’UNDP, à Yaoundé au Cameroun, le ministre Bello Bouba Maïgari a laissé entendre que sa candidature répond à une pression croissante des militants et sympathisants du parti.
Ceux-ci réclameraient, depuis plusieurs mois, la présentation d'un candidat à l’élection présidentielle. Tout en dénonçant la "mal-gouvernance" du pouvoir actuel, la "corruption" ou encore les "injustices criantes" qui, selon eux, fragilisent l'unité nationale.
Yahya Bello, membre du parti UNDP, explique que "l'UNDP n’est souvent pas consulté (par le parti au pouvoir)".
"Nous sommes à quatre mois de l’élection présidentielle. Je pense que c’est le moment pour le président de notre parti de quitter cette alliance et d’aller proposer aux Camerounais une alternative."
Longtemps considéré comme allié stratégique de Paul Biya, Bello Bouba Maïgari, 78 ans, a été Premier ministre et plusieurs fois ministre.
Son annonce intervient quelques jours après celle d’ Issa Tchiroma Bakary, 75 ans, qui a annoncé sa démission à la tête du ministère de l'Emploi et de la Formation professionnelle, avant d'officialiser sa propre candidature à la présidentielle.
André Blaise Essama, acteur de la société civile camerounaise, parle de stratégie pour se repositionner.
"Nous n’avons pas confiance en des personnes qui viennent démissionner en fin de mandat pour demander le suffrage du peuple. Nous sommes assez sages pour ne pas tomber encore dans cette embuscade."
Le pouvoir Biya fragilisé ?
L'entrée en lice de Bello Bouba Maïgari et d'Issa Tchiroma Bakary, tous deux de la partie nord du pays, qui compte environ 40% du corps électoral national, pourrait fragmenter l'électorat au nord, longtemps favorable au parti de Paul Biya. Les cadres du RDPC semblent pour l’instant minimiser la portée de ces candidatures à quelques mois de l'élection présidentielle.
Pour Yahya Bello, le candidat de l’UNDP va proposer aux Camerounais un "changement qui intègre leurs aspirations légitimes".
Mais Blaise André Essama évoque des candidatures pour poursuivre des intérêts personnels et non pour le peuple.
"Le procédé pour le peuple, poursuit Blaise André Eassama, serait de faire en sorte que la jeune génération prenne l’ascendant, prenne des initiatives et prenne à bras le corps les problèmes d’inondations dans l’Extrême-Nord, les problèmes de scolarité, les problèmes d’exploitation des enfants. Les populations de l’Extrême-Nord ne se sentiront jamais en sécurité avec des personnes qui sont leurs bourreaux."
Le scrutin présidentiel au Cameroun est prévu en octobre prochain. Et le président Paul Biya n’a pas encore déclaré sa candidature.