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Casamance, les mines continuent de faire des victimes

9 novembre 2017

En Casamance, après plus de trois décennies de conflit larvé sur fond de revendication indépendantiste, les mines enfouies dans cette région du sud du Sénégal continuent de faire des victimes.

Bosnien UN-Schutzzone Žepa - 22 Jahre nach der Einnahme durch die Serben | Minen
Image : DW/M. Sekulic

Plusieurs accidents récents font même redouter de nouvelles poses alors que les rebelles du MFDC, éclatés en plusieurs factions, n'ont jamais vraiment déposé les armes. Le Sénégal, signataire de la Convention d'Ottawa, aurait dû finir de déminer l'ensemble de son territoire depuis 2009. Mais ce travail est loin d'être fini et les mines continuent de faire des victimes comme ce fut le cas encore récemment dans deux localités de la région. Plus grave encore, des mines ont récemment été détectées dans des zones déjà déminées ou qui n'ont jamais été minées. Ce qui pourrait laisser redouter de nouvelles poses. 

Des mines ont ainsi été découvertes près de l'université de Ziguinchor, fréquentée quotidiennement par des milliers de personnes. Au centre national d'actions antimines du Sénégal (CNAMS), chargé du déminage dans le pays, on explique le retard du déminage par un déficit de moyens et la présence des bandes armées dans certaines zones. Selon Barham Thiam, le directeur du Centre national d'actions antimines du Sénégal (CNAMS), chargé du déminage humanitaire au Sénégal:

''Les superficies soupçonnées minées sont immenses, plus de trois millions de kilomètres carrés. Ensuite, vous imaginez que le déminage demande des moyens financiers assez importants qu'il faut rechercher en plus de l'effort de l'Etat. La troisième raison est que le Sénégal n'est pas en train de conduire un déminage post-conflictuel à l'instar de beaucoup de pays signataires de la Convention dite d'Ottawa. Donc le Sénégal exécute son travail dans un contexte où il y a des factions armées qui gênent la sécurité et la liberté d'accès à toutes les zones qui sont ciblées" explique t'il.

Le déminage se poursuit et n'est donc pas encore effectif dans toute la Casamance.Image : DW/L. Rzeutskaya

Le déminage se poursuit pourtant

Barham Thiam assure toutefois que le déminage se poursuit et qu'après un premier moratoire que le Sénégal n'a pas pu respecter, le pays a obtenu un second bail qui court jusqu'en 2020: ''Une première extension avait été accordée à l'Etat du Sénégal qui devait courir jusqu'en mars 2016. En mars 2016, le travail n'était pas encore achevé mais le Sénégal a bénéficié d'une deuxième extension qui va courir jusqu'en mars 2021.''

Sarany Diatta, victime et coordonnateur des activités des victimes de mines dans la région, reconnaît les efforts consentis par l'Etat du Sénégal pour sécuriser la Casamance. Mais celui-ci déplore les manquements et l'absence de programme d'éducation en faveur des populations vivant dans les zones minées: 

''Le déminage n'est pas effectif dans toute la Casamance. Il y a des choses qui sont en train d'être faite, c'est vrai, mais il n'est pas question aujourd'hui d'agir juste où il y a le feu en abandonnant l'autre partie. Il n'y a aucun programme de sensibilisation ni de conscientisation de ces populations. Il n'y a pas d'éducation aux risques des mines.''

Le directeur du CNAMS assure que ces programmes, actuellement en hibernation pour faute de moyens, reprendront bientôt. Seynabou Maal Cissé est coordonnatrice d’Usoforal, une ONG qui s'investit depuis près de 20 ans pour soutenir la paix en Casamance. Celle-ci récuse, pour sa part, les analystes qui pensent que le conflit casamançais a viré au banditisme. 

''Je ne pense pas qu'on puisse généraliser en parlant effectivement de banditisme. Ce qui se passe, c'est qu'il y a des personnes qui, certainement, ont cru bien faire et participer au mieux être de leurs populations en prenant les armes.''