Guinée, la caution présidentielle coûte une petite fortune
29 octobre 2025
En Guinée, se porter candidat à la magistrature suprême a un prix. Faut-il maintenir une somme élevée pour écarter les candidatures les moins sérieuses, ou la revoir à la baisse, pour favoriser une participation plus ouverte ?
Cette caution a été fixée à 900 millions de francs guinéens, soit 90 000 euros, pour l'élection présidentielle. A ceci s'ajoute un plafond de dépenses pour la campagne fixé à 40 milliards de francs guinéens, près de quatre millions d'euros.
Ces montants pourraient être considérés comme un obstacle pour certains partis, à l'approche de la prochaine élection présidentielle.
Une caution jugée trop élevée
Pour une partie de la classe politique, ce montant est trop élevé et limite la compétition démocratique.
C'est ainsi l'avis de Ben Youssouf Keita, président de l'Alliance pour le changement et le progrès : "Nous sommes Guinéens. Nous savons le salaire du Guinéen et à partir de là, à moins que vous n'ayez une activité lucrative, ou que vous soyez un gros entrepreneur, c'est difficile. Si vous êtes fonctionnaire comme moi, vous ne pouvez pas avoir, honnêtement, de trésor de guerre pour vous lancer dans la campagne électorale présidentielle avec une caution de 900 millions."
D'autres, au contraire, estiment que cette caution est nécessaire pour garantir le sérieux des candidatures. C'est le cas de Cheick Oumar Traoré, président de l'organe provisoire de l'Union des patriotes africains de Guinée, qui estime que "le montant est acceptable et il peut vraiment permettre que le processus électoral soit très transparent. Si ça peut permettre à ce que l'accès aux médias publics soit équitable, pourquoi pas ? S'il peut permettre que le vote soit vraiment apaisé et que nous puissions observer le retour à l'ordre constitutionnel dans la paix, la cohésion et la convivialité, alors je trouve que le montant est acceptable et normal."
En plus de cette mesure, le pouvoir militaire à la tête du pays n'a pas hésité à exclure du processus électoral les principaux partis politiques, comme l'UFDG de l'ancien premier ministre Cellou Dalein Diallo, et le RPG Arc-en-ciel de l'ancien président Alpha Condé.
Pour l'UFDG, la junte se débarrasse de toute opposition
Le débat sur la caution présidentielle illustre les tensions entre l'ouverture démocratique et l'encadrement du processus électoral. A L'UFDG, de l'ancien premier ministre Cellou Dalein Diallo, on n'est pas surpris par cette mesure de restriction supplémentaire imposée par les militaires, selon Souleymane Souza Konaté, responsable de la communication du parti.
Il rappelle que "depuis 2010, deux grandes formations politiques cristallisent l'attention et rassemblent plus de 90 % de l'électorat de notre pays. C'est l'UFDG et c'est le RPG Arc-en-ciel. Et comme par enchantement, ce sont précisément ces partis politiques qui ont été suspendus illégalement, comme pour permettre au chef de la junte de concourir face à des acteurs qui ne représentent pas 2 % du corps électoral."
En attendant une éventuelle révision de la caution, la question reste au cœur des discussions politiques en Guinée, en amont de l'élection présidentielle qui aura lieu le 28 décembre prochain et dont le caractère démocratique est déjà remis en cause.