CDM 2022 : la "meilleure Coupe du monde de l'histoire" ?
19 décembre 2022C'est très certainement l'image qui restera de ce Mondial : Lionel Messi qui soulève la Coupe du monde, au terme d'une finale rocambolesque face à la France.
Sur la photo que le monde entier attendait, celle du couronnement de celui qui peut être qualifié de "meilleur joueur de l'histoire", Lionel Messi porte un bisht, un habit traditionnel qatari qui sert de tenue de cérémonie lors des grands événements.
Un vêtement symbolique que lui a fait parvenir l'Emir du Qatar juste avant le sacre officiel. En somme, une célébration à laquelle l'Emirat s'est également invité.
Le Qatar, fier de ce Mondial
Ce sacre de Lionel Messi et de l'Argentine au terme d'une finale qui restera dans les annales a été la cerise sur le gâteau pour le Qatar et la FIFA, qui clament de concert que ce tournoi a tout simplement été le meilleur de tous les temps.
"Comme Qatari, je suis très fier, très heureux de ce qu'on a fait. On n'est pas de mauvaises personnes", a notamment déclaré Nasser al-Khelaïfi à l'issue de la finale.
"L'organisation, la sécurité, les stades, les supporters, tout... Je suis vraiment très fier de mon pays. Je pense, non, je suis sûr que c'est la meilleure Coupe du monde de l'histoire". En ce sens, le Qatar a obtenu ce qu'il voulait : sa stratégie de soft power a parfaitement fonctionné.
Une organisation maîtrisée
Le président du Paris Saint-Germain (sous pavillon qatari) n'est d'ailleurs pas le seul à penser cela : nombre de supporters de divers pays rencontrés tout au long de la compétition ont loué le Qatar pour son organisation sans faille.
Organisée tout autour de la capitale Doha, cette Coupe du monde était "à taille humaine", permettant aux fans de se déplacer et de se rendre au stade sans aucun souci, grâce à un système de métro flambant neuf.
Si l'on excepte le jour de la finale (au cours duquel la conduite autour du stade de Lusail était quasiment impossible et le métro a dû être fermé en raison d'un nombre trop important de voyageurs), il n'y a pas eu d'incident majeur à noter.
La situation aurait pu dégénérer peut-être une fois, en marge de la rencontre Maroc-Portugal, mais elle a été finalement maîtrisée, en raison de la présence massive de forces de police et de services de sécurité (tout comme lors de chaque rencontre, d'ailleurs).
Des surprises, une épopée et un vainqueur attendu
Sur le terrain, le niveau proposé n'était pas le plus élevé qui soit mais cette Coupe du monde a été le théâtre de résultats improbables (comme la victoire de l'Arabie Saoudite face à l'Argentine), de surprises (comme l'élimination de l'Allemagne dès le premier tour) ou encore de belles histoires, à l'image de l'épopée du Maroc.
Les Lions de l'Atlas ont réussi à briser le plafond de verre et à devenir la première nation africaine à se qualifier pour le dernier carré de la compétition. Le monde entier s'est pris de passion pour cette équipe au courage incroyable.
La Croatie, troisième pour la deuxième fois de son histoire, a aussi enthousiasmé pour les mêmes raisons, notamment lors de sa victoire face au Brésil.
Si la victoire de l'Argentine, un des favoris du tournoi, n'est évidemment pas une surprise, elle a le mérite de sacrer Lionel Messi. Un fait qui ravit tous les amateurs de football.
Et après ?
Maintenant que le spectacle est terminé, la question qui est sur toutes les lèvres est : et après ? Quid des enceintes qui doivent être démantelées, à l'image du stade 974 ? Et surtout, que vont devenir les travailleurs migrants, qui constituent la majorité silencieuse de l'Emirat (90% de la population) ?
Avant le Mondial, beaucoup s'étaient penchés sur leur sort, entre non-respect des droits humains et mauvais traitements. S'il est vrai que, dans l'ensemble, la situation s'est quelque peu améliorée pour ces travailleurs de l'ombre, il reste encore beaucoup à faire.
Il a été question de la mise en place d'un fonds d'indemnisation par la FIFA, un fonds dont les bénéficiaires seraient essentiellement les ouvriers sur les chantiers du Mondial. Un fonds d'environ 400 millions d'euros.
Ni la FIFA, ni le Qatar n'ont communiqué à ce sujet depuis plusieurs jours maintenant, et nul ne sait ce qu'il adviendra par la suite. Ce qui est sûr en revanche, c'est que beaucoup de travailleurs migrants ont fait part de leurs craintes aux médias une fois le Mondial terminé. Beaucoup craignent qu'une fois l'euphorie retombée, ils soient complètement oubliés.