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Plus de 2.000 morts sur les routes par an en Centrafrique

Jean-Fernand Koena
4 juin 2024

A Bangui, le Centre de référence d’orthopédie et de traumatologie est débordé par le grand nombre de blessés. Or, il est sous financé par l’Etat.

Des morts après un grave accident au Kenya
Les routes africaines tuent le plus au monde (Image illustration )Image : AP/dpa/picture alliance

Nous sommes à l’hôpital universitaire communautaire de Bangui. Dans ce pavillon réservé à la traumatologie, on retrouve Gaël. Les deux pieds cassés, il a été percuté par une voiture. Il est en observation et attend d’être opéré, mais il n'a pas assez d’argent pour les soins. "J’ai été percuté par un taxi, cela fait un mois et deux semaines. C’est mon papa qui s’occupe de tout en attendant la réponse des assurances. Mais ça traîne. C’est difficile et j’attends l’aide de l’Etat."

Gaël partage la chambre avec Alfred qui, lui, a subi plusieurs factures lors d’un accident. Il confirme que le coût de prise en charge n’est pas à la portée de tous. 

"Le 16 avril, à mon retour du bureau, j’ai été percuté par une voiture. Donc j’ai eu une jambe cassée et la clavicule aussi. La prise en charge, c’est moi-même. Le coût n’est pas exorbitant pour moi, mais pour les autres qui ne travaillent pas, c’est extrêmement difficile pour eux. En sillonnant les services de bloc opératoire, les urgences et les couloirs, on voit qu’il y a des gens qui dorment là, par terre, ou sur un banc. Pour les gens qui ont les moyens, ça peut aller, mais pour les compatriotes qui n’ont rien, c’est très difficile."

Image : Jonas Gerding/DW

La demande est forte avec, en moyenne 240 opérations par mois dans cet hôpital. Mais le professeur Bertrand Tekpa, le chef du service de traumatologie, déplore le manque de moyens à leur disposition. "Notre service fonctionne grâce à l’appui du privé depuis le départ des coopérants français en 2004. Le service, à l’époque, était pris en charge par les Elément français d’assistance opérationnelle (EFAO) et l’ambassade de France. Depuis lors, le service n’est plus pourvu en matériel. Certes, ces derniers temps, il y a eu des appuis, des instruments qui peuvent aider à la prise en charge, comme un amplificateur de brillance ou une table opératoire qui ont été payés grâce à certains financements de l’Etat centrafricain."

Mais ces équipements ne sont pas les plus urgents, selon le professeur Bertrand Tekpa. "Ce ne sont pas ces équipements qu’on implante aux malades. La traumatologie est une spécialité matérielle dépendante. C’est une spécialité qui ne peut pas se faire sans certains matériels médicaux. Quand quelqu’un a une fracture, pour faire l’immobilisation de cette fracture, afin que l’os puisse se consolider dans l’axe anatomique normal, il faut absolument prendre un tuteur extérieur appelé implant. C’est grâce à ce tuteur externe que la consolidation peut se faire dans les deux ou trois mois qui suivront. Or, cet outil de base manque au bloc opératoire de l’orthopédiste centrafricain."

Devant la difficulté, les orthopédistes ont recours au secteur privé pour la fourniture des implants, ce qui explique le coût élevé de la prise en charge. Une urgence qui ne pourra être résolue sans un plus grand soutien financier de l’Etat.