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En Centrafrique, une crise humanitaire oubliée

Jean-Fernand Koena
15 janvier 2025

La situation humanitaire précaire constatée dans un rapport par l’ONG CARE International contraste avec la fermeture par Bangui des camps de déplacés.

Des personnes circulent à pied ou à moto dans une rue de Paoua, au nord-ouest de la Centrafrique
Les acteurs de la société civile déplorent un déni de la réalité par les autorités centrafricainesImage : Barbara Debout/AFP

Dans son rapport sur la situation humanitaire, l'ONG CARE International met en évidence une crise oubliée en Centrafrique.

Ce rapport contraste avec la volonté des autorités, qui ont proclamé la fin de l'urgence pour se concentrer sur le développement, au mépris des difficultés rencontrées par une grande partie de la population, toujours en quête d'assistance humanitaire.

À Kaga-Bandoro, le HCR et le PAM distribuent des vivres et des non-vivres. Mais ces aides sont insuffisantes, estime Abdoul qui appelle le gouvernement à l'aide.

"Nous sommes sur le site, explique-t-il,  mais nous avons beaucoup de problèmes pour nous loger et nous nourrir. Ça n'a pas été facile pour nous, mais Dieu fait grâce, l'orage est passé. Mais maintenant nous demandons au gouvernement de penser à nous, car nous avons perdu tous nos biens depuis 2013".

Ecoutez le reportage à Bangui...

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Fermeture des camps de déplacés

Abdoul formule cette demande alors que dans le pays, dirigé par Faustin-Archange Touadéra, le gouvernement a décidé de fermer tous les sites des déplacés, de sortir de l'urgence et d'amorcer le développement.

Conséquence de cette décision, plusieurs ONG ont fermé leurs portes, laissant plus de deux millions de personnes sans soutien et dans le besoin.

L'opposition y voit l'échec de la politique gouvernementale, selon Me Crépin Mboli-Goumba, coordonnateur du Bloc des Républicains pour la Défense de la Constitution (BRDC).

Selon lui, "il ne pourra pas s'attaquer aux nécessités nationales, car la résolution d'un problème commence par l'acceptation de son existence. Parmi tous les chiffres accablants qui contredisent un discours déconnecté de la réalité, je ne citerai qu'un Centrafricain sur trois souffre de faim aiguë. Ce chiffre, selon le PAM, augmentera en 2025. La faim, comme vous le savez, laisse des lésions irréversibles sur le cerveau humain".

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La réalité du terrain ignorée

La société civile trouve ce rapport authentique, jugeant qu'il fait le diagnostic réel du quotidien centrafricain.

Paul Crescent Béninga, enseignant-chercheur et porte-parole du groupe de travail de la société civile, affirme que "l'élite politique dirigeante estime qu'il est temps d'aller vers le développement. Je ne suis pas contre, sauf que cela ne doit pas se faire en méconnaissance des réalités du terrain. Quand vous parcourez la RCA profonde, vous vous rendez compte que le besoin humanitaire est encore là. Dans l'arrière-pays, les gens n'ont pas accès à de l'eau potable, meurent de faim en raison de la persistance des foyers d'insécurité et ne sont pas capables de cultiver comme il se doit. La cherté de la vie ne concerne pas que la ville de Bangui".

En misant sur les dividendes de la paix, conquise militairement avec l'appui des Russes et des Rwandais, le gouvernement espère créer les conditions nécessaires pour sortir de l'urgence humanitaire. Cependant, les faits montrent qu'il reste encore beaucoup de chemin à parcourir.