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Centrafrique : Danièle Darlan poussée vers la sortie

Jean-Fernand Koena
25 octobre 2022

Le président Faustin-Archange Touadéra a mis fin aux fonctions de la présidente de la Cour constitutionnelle en Centrafrique Danièle Darlan.

Danielle Darlan à la Cour constitutionnelle.
Le président Touadéra a mis fin aux fonctions de Danielle Darlan à la tête de la Cour constitutionnelle .Image : Nacer Talel/AA/picture alliance

Danièle Darlan n'est donc plus la présidente de la Cour constitutionnelle en Centrafrique. Le président Faustin-Archange Touadéra a mis fin aux fonctions de celle qui avait rappelé l'impossibilité de réformer la Constitution dans le but de réaliser un troisième mandat. Motif de cette révocation : à 72 ans, la présidente de la Cour a atteint l'âge de la retraite dans l'Education nationale dont elle est issue puisqu'elle était professeure d'université avant de rejoindre la Cour.

Pourtant, les membres de la Cour sont irrévocables avant la fin de leur mandat. Une décision qui semble donc confirmer le "coup d'Etat constitutionnel” redouté depuis la décision de la Cour qui s'était opposée à la réforme voulue par le président Félix-Archange Touadéra

La bête noire

Malgré la décision de la Cour constitutionnelle empêchant une réforme qui ouvrirait la porte à un troisième mandat du président centrafricain, le pouvoir de Bangui persiste pour un référendum sur cette question. De ce fait, la bête noire du pouvoir s'appelle Danielle Darlan dont il fallait se débarrasser à tout prix. Dans un récent meeting, le MCU, le parti présidentiel, s'en est ainsi pris à la Cour constitutionnelle.

Ernest Mada, membre du bureau politique du MCU, est pour sa part favorable au référendum sur la réforme de la Constitution."Le Mouvement cœurs unis déplore les zèles intempestifs suscités par la décision de la Cour. Nous disons oui à la réécriture de la Constitution" explique-t-il à la DW.

Face à cette tension, la Cour constitutionnelle appelle à respecter le droit. "Les juges sont inamovibles" explique ainsi Jean-Pierre Ouaboué premier vice-président et porte-parole de la Cour avant de préciser que "la Cour, face à cette adversité, lance un appel au président de la République, chef de l'Etat qui incarne et symbolise l'unité nationale, de veiller au respect de la Constitution et au respect de l'indépendance de la justice sans laquelle il n'y a pas d'Etat de droit". 

Mais peine perdue : Bangui a acté la décision malgré le rappel de la Cour sur l'inamovibilité des sages. "A compter de ce 25 octobre 2022, il n'y a définitivement plus de pouvoir constitutionnel et légitime en République centrafricaine", a ainsi réagi Jean-François Akandji Kombet du G16, un groupe de la société civile.

Ecoutez les explications de Jean-Fernand Koena

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L'opposition dénonce

Pour l'opposition, c'est la messe de requiem de la démocratie dans le pays. "L'acte posé par le président de la République démontre bien que nous sommes dans une République bananière. C'est un acte de haute trahison car les dispositions de la Constitution sont claires, notamment l'article 102 de la loi fondamentale de notre pays qui stipule que les membres de la Cour Constitutionnelle sont inamovibles. Ils sont élus pour sept ans et durant tout leur mandat, aucune autorité n'a le pouvoir de destituer un membre de la Cour constitutionnelle. Le chef de l'Etat a non seulement violé les dispositions de la loi fondamentale mais en termes clairs, les dispositions de son serment parce que c'est devant cette cour qu'il a prêté serment" s'insuge Ferdinand Alexandre Nguendet.

Plusieurs requêtes en annulation du décret mettant à la retraite Danièle Darlan ont été déposées. Une réunion de crise est attendue ce mercredi 25 octobre à la Cour constitutionnelle et le  Bloc républicain pour la défense de la Constitution (BRDC), une plateforme de l'opposition, a aussi déposé une requête contre le décret présidentiel controversé.