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Faux médicaments : vrai danger pour la santé publique en RCA

Jean-Fernand Koena
9 février 2024

La douane a saisi, mercredi, une importante cargaison de ces produits en provenance du Cameroun voisin. Les autorités sont dépassées par l’ampleur du phénomène.

Un marché à Bangui, la capitale centrafricaine (juin 2010)
Les marchés constituent l’un des lieux ou prolifère le trafic de faux médicaments Image : DW/Cécile Leclerc

Les Centrafricains subissent au quotidien l’impact négatif des produits pharmaceutiques de mauvaise qualité et des faux médicaments.

La Centrafrique fait face à un nombre trop faible des officines légales de pharmacie. Une pénurie qui facilite l’émergence des pharmacies illégales dans le pays.

Le marché soudanais est le cœur de la pharmacie de rue, ou encore pharmacie par terre. Les clients peuvent acheter des produits pharmaceutiques qui proviennent du trafic illicite.

Nous rencontrons Séïdou Ahamat, vendeur de produits contrefaits.

Il indique vendre "les produits tels que l’arthéméter, le diclofenac, les petits anti-inflammatoire et la vitamine B complexe."

Produits moins chers

Les prix sont bien plus faibles que dans les pharmacies légales. Séidou Ahamat explique la provenance de ces produits.

Ecoutez le reportage de Jean-Fernand Koena, le correspondant à Bangui

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"Le prix ici ? Bon, comme vous le savez, ici nous faisons la pharmacie informelle. Notre prix est inférieur par rapport aux officines formelles. La qualité de nos médicaments aussi. Nos médicaments viennent du Cameroun et de la RDC et nous vendons à bas prix. Ce n’est pas comparable aux prix des produits vendus dans les pharmacies formelles qui viennent de l’Europe et d’Asie."

Ces commerçants n’ont aucune connaissance en médecine, ni éthique du métier. Produits aphrodisiaques, génériques : on y trouve de tout.

Yvonne est venue garnir sa pharmacie domestique. "Je suis venue chercher des suppositoires pour me soigner, moi et les enfants."

Risques d’insuffisance rénale

Au complexe pédiatrique de Bangui, on réalise à quel point les médicaments de rue affectent dangereusement la santé des enfants et compliquent leur prise en charge.

Le docteur Simplice Kango est responsable des urgences.

"Il nous arrive de gérer des cas d'insuffisance hépatique en rapport avec ces médicaments, des cas d’insuffisance rénale en rapport avec ces médicaments. Car tous ces médicaments se métabolisent au niveau du foie et les reins peuvent prendre des coups aussi."

"L’automédication, on en a tous les jours et ça impacte justement sur l’aspect clinique des enfants que nous avons l’habitude de consulter et prendre en charge, ici, au complexe pédiatrique."

De nombreux patients doivent être admis à l’hôpital après la prise de produits de mauvaise qualitéImage : BARBARA DEBOUT/AFP

L’ordre des médecins, pharmaciens et dentistes est en première ligne de la lutte, mais il ne dispose pas de pouvoirs coercitifs. Il s’en remet donc à l’Etat.

Le professeur Boniface Koffi, président de l’ordre, explique ainsi que "le Conseil de l’ordre peut déposer plainte lorsqu’il constate que quelque chose ne va pas. Mais en réalité, le Conseil ne dispose pas de bras armé pour intervenir et faire des saisies".

"Si nous voulons résoudre le problème, c’est en essayant d’avoir un pool assez important de professionnels des médicaments".

Ces médicaments de la rue sont régulièrement à l’origine de complications médicales graves, voire de décès. Un problème urgent de santé publique devant lequel l’Etat demeure impuissant.

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