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Une fermeture de frontières qui ne laisse pas indifférent

Jean-Fernand Koena
17 janvier 2023

L'annonce de la fermeture des frontières terrestres du Soudan avec la Centrafrique soulève des interrogations.

Base de la Minusca à Bangui.
La situation reste instable en Centrafrique en dépit de la présence de forces étrangères.Image : BARBARA DEBOUT/AFP

Le gouvernement soudanais a annoncé début janvier la fermeture de ses frontières terrestres avec la Centrafrique voisine. Il redoute les mouvements insurrectionnels susceptibles de déstabiliser Bangui et la région. Mais cette fermeture est perçue comme un signe de fragilité qui contraste avec les données sécuritaires du gouvernement centrafricain mettant en avant les progrès sécuritaires qui auraient été faits grâce à l'appui des mercenaires russes de Wagner.

Des justifications

L'annonce de la fermeture a été faite par le chef adjoint du Conseil souverain du Soudan le lieutenant général Mohamed Hamadou Dagalo. Il redoute les actions du chef de guerre Nouredine Adam, très actif dans la zone et qui a pour base arrière le Soudan.

Activement recherché par la Cour Pénale Internationale, Nouredine Adam recrute des Soudanais et indique son intention de renverser le pouvoir de Bangui. Toujours actif, son groupe n'a pas fait comme d'autres de la zone, qui se sont auto-dissous en novembre dernier.

La stabilisation de la Centrafrique reste un défit notamment pour les forces de sécurité.Image : Nacer Talel /AA/picture alliance

La fermeture de la frontière est donc justifié selon le ministre centrafricain de la Défense, Claude Rameaux Biro. "Nous avons effectué des déplacements au Soudan et nous avons aussi reçu la délégation officielle du Soudan pour évoquer la question des forces bipartites. Je puis vous dire que c'est à la demande du gouvernement car les actions de Nouredine mettent mal à l'aise le Soudan. Et pour votre information deux rebelles sont déjà arrêtés au Soudan", a indiqué le ministre de la Défense.

Des menaces

Nouredine Adam ne semble pas effrayé par la fermeture des frontières et continue ses menaces contre le président Touadéra. Dans une vidéo postée sur Facebook, il dit ceci : 

"Le peuple exige qu'on ne touche pas à la constitution. Donc, il doit écouter la voix du peuple et s'arrêter. Et s'il s'entête, je lui ai déjà prévenu en disant que ta profession de foi si elle est sincère, on va t'aider à construire ce pays. Mais si c'est de la politique politicienne, tu vas regretter. Je pense que l'heure du regret est arrivée et je pense qu'il a regretté".  

Nouredine Adam, leader du FPRC, est le seul dans la région à contester le pouvoir du président Touadéra.

Ecoutez les précisions de Jean Fernand Koena

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Alors cette fermeture de la frontière pourrait-elle l'empêcher d'agir ? Karl Blagué, coordonnateur du Groupe d'action des organisations de la société civile pour la défense de la Constitution du 30 mars 2016, le G16, n'y croit pas.

"Malgré les communiqués officiels de fermeture de frontière au niveau des trois frontières Tchad, Soudan et Centrafrique y compris les forces tripartites, cela n'a pas empêché la pénétration des éléments de la Séléka. Notre chef d'état-major avait effectué les déplacements du Soudan pour négocier avec les autorités soudanaises cette fermeture de frontière.Ce qu'a accepté le numéro 2 soudanais. En plus il a mis à la disposition des Wagners des groupes armés acquis à la cause du numéro 2 soudanais" explique-t-il.

Cette fermeture des frontières pourrait en plus empêcher le gouvernement de mener à bien son projet d'exploitation de pétrole à Birao, non loin du Soudan.