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RCA : des habitants sous le choc après une enquête

Jean-Fernand Koena
25 août 2021

Le rapport de l'ONG The Sentry met en cause le groupe Castel, une entreprise française présente dans le sucre et les boissons.

Le marché de la ville de Ndélé
Le marché de la ville de Ndélé Image : picture-alliance/AP Photo/C. Larson

L’enquête de l’ONG américaine accuse en effet le groupe Castel d’avoir accordé un soutien financier à l'UPC d’Ali Darassa en échange de la sécurisation d’une usine de Sucaf, une filiale de Castel. La rébellion de l’UPC est présumée responsable de nombreuses atrocités et de crimes de guerre dans la région de Ngakobo.

Les habitants de Ngakobo n'en reviennent pas après la révélation faite par l'ONG The Sentry. Alain par exemple a perdu des proches dans les affrontements. Il ne cache pas sa colère :

"Sucaf est depuis longtemps en Centrafrique et nous aide nous et nos parents. Et c'est ce même Sucaf qui financerait les groupes rebelles et plus particulièrement Ali Darassa qui commet des exactions en Centrafrique depuis toujours avec son équipe ? Vous savez combien de fois nous avons perdu des proches ? Nos enfants, nos papas, nos mamans, tout le monde... C'est Ali Darassa qui est à l'origine de tout. Et maintenant, on a appris que c'est Sucaf qui financerait Ali Darassa (...) et si Sucaf finance Ali Darassa alors on est contre Sucaf. Ce sont des informations qui nous ont émus. Cela nous a mis dans un sentiment de colère contre Sucaf à Ngakobo".

Ecouter le reportage de Jean-Fernand Koena, le correspondant à Bangui

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Exaspération et prudence

Mais devant ce sentiment d'exaspération qui gagne la ville, certains habitants préfèrent la prudence. Adrien explique pourquoi il se méfie encore du rapport de l'ONG américaine.

Lire aussi → RCA : un groupe sucrier accusé d'avoir financé l'UPC

"Nous avons appris que ce serait Sucaf qui financerait les groupes armés pour tuer la population. Mais pour nous, c'est un mensonge. Sucaf nous a beaucoup aidés. Parfois, l’entreprise a été pillée mais si elle finançait les rebelles comment se fait-t-il qu'elle ait été pillée ?", poursuit Adrien.

Le rapport met en exergue l'enquête judiciaire de la Cour pénale internationale et la Cour pénale spéciale sur le rôle présumé de Sucaf.

Thibaut Logboma Mokolet, secrétaire général de l'association des victimes, veut une réponse judiciaire dans cette affaire.

"Nous pensions qu'une société comme ça de grande envergure, d'une grande nation comme la France, implantée en Centrafrique depuis des années, devrait apporter un appui aux victimes et elle serait en train de faire le contraire pour apporter un appui aux bourreaux, ajoute Thibaut Logboma Mokolet. On a compris directement que ce sont des sociétés comma ça qui attisent le feu et ce sont des sociétés comme ça qui veulent que la paix ne revienne pas en République centrafricaine. Nous demandons donc au gouvernement de prendre au sérieux ce rapport qui est détaillé afin que la justice soit saisie et que des mesures à l'encontre de cette société soient prises".

Des jeunes luttent contre la violence en CentrafriqueImage : Jean Fernand Koena/DW

A Bangui, il n’y a eu aucune réaction officielle dans cette affaire mais des sources proches du parquet ont déploré l'implication des entreprises minières, forestières et sucrières dans le financement des groupes armés.

Dans un communiqué, le géant viticole et sucrier français Castel a pour sa part annoncé qu’il allait lancer une enquête, évoquant des "allégations graves".