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Didacien Kossimatchi, ce "proche" de Touadéra qui inquiète

Jean-Fernand Koena | Carole Assignon
15 septembre 2022

Des juristes centrafricains ont décidé de faire grève pour protester contre des menaces proférées contre eux par Didacien Kossimatchi, le leader de la plateforme "Galaxie nationale".

 Le président centrafricain Faustin Archange Touadéra entouré de soldats
Le président centrafricain Faustin Archange TouadéraImage : Nacer Talel/AA/picture alliance

"Nous avons vu que l'institution judiciaire et le pouvoir judiciaire étaient en danger, qu'il y a une stratégie qui a été mise en place pour affaiblir le pouvoir judiciaire et les institutions judiciaires d'une manière générale…” Maître Emile Bizon, bâtonnier de l'ordre des avocats en Centrafrique, résumait ainsi hier, le mercredi 14 septembre, le constat fait par des juristes du pays. 

Il y aurait, selon eux, une tendance à l'affaiblissement du pouvoir judiciaire sur fond d'accusations et de menaces de mort proférées contre certains juges et avocats.

Dans cette affaire, c'est le leader de la plateforme "Galaxie nationale”, Blaise Didacien Kossimatchi, qui est mis en cause.

Il est en effet accusé d'avoir menacé maître Manguereka, l'avocat du leader du parti MLPC, Martin Ziguélé. Il aurait également menacé le bâtonnier de l'ordre des avocats, maître Emile Bizon, ainsi que l'huissier de justice, maître Baïdou. 

Maître André Olivier Manguereka, avocat de Martin ZigueléImage : Jean-Fernand Koena/DW

Une citation directe auprès du parquet du Tribunal de grande instance de Bangui a été déposée contre Didacien Kossimatchi, sans grand succès pour l'heure. 

Pour pousser la justice à agir et obliger Didacien Kossimatchi à se présenter à son procès, prévu le 22 septembre, les juristes ont donc opté pour une action forte.

"L'heure est grave, il s'agit de protestations par rapport à une situation bien déterminée. A partir de lundi, nous allons cesser certaines de nos activités. Nous n'assisterons pas aux audiences à partir de lundi", a assuré maître Emile Bizon. Difficile de dire pour le moment si cette grève annoncée aura un réel impact.

"Soutenu par le pouvoir"

Si Didacien Kossimatchi peut se permettre de publier des communiqués considérés comme diffamants, injurieux et outrageants à l'endroit de certaines personnalités dans le pays, c'est qu'il serait, selon ses détracteurs, proche du pouvoir et notamment du président de la République. 

Ce professeur d'histoire a d'abord été proche du Kwa Na Kwa (KNK) de François Bozizé. Après la chute de ce dernier, il se rapproche de Karim Meckassoua, candidat du Chemin de l'espérance pour la présidentielle. 

Il soutiendra par la suite Faustin-Archange Touadéra, l'actuel président, et deviendra chargé de la mobilisation des troupes et d'une partie de l'organisation des meetings de son Mouvement cœurs unis (MCU). 

La proximité entre les deux hommes s'explique aisément, selon Paul Crescent Beninga, porte-parole du Groupe de travail de la société civile, qui note qu'ils étaient membres du parti KNK "du temps du président Bozizé [...] et Didacien Kossimatchi fait partie de ceux qui ont soutenu le président Touadera dès les premières heures". Mais "les discours tenus par Didacien peuvent être source d'affrontement", s'inquiéte t-il.

Un discours inquiétant

Paul Crescent Beninga précise par ailleurs que Didacien Kossimatchi n'a pas des problèmes qu'avec les avocats et les hommes politiques. Les parlementaires ou encore les associations de la société civile estiment en effet qu'il délivre un discours de haine qui "cristallise les tensions". 

Protégé par le président centrafricain, Didacien Kossimatchi a créé " Galaxie nationale centrafricaine", une plateforme dont il est le coordonnateur et qui avait mobilisé il y a quelques jours ses partisans pour faire pression sur les juges de la Cour constitutionnelle.

Il serait par ailleurs également proche des mercenaires russes de Wagner qui se serviraient de lui pour entretenir un climat de tension et s'en prendre à ceux qui s'opposeraient au pouvoir en place.