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Ces "Républiques" autoproclamées du Donbass en Ukraine

Sandrine Blanchard | Roman Goncharenko
23 février 2022

Les décisions de Vladimir Poutine sur Donetsk et Lugansk, représentent une césure dans une zone au statut ambivalent depuis près de huit ans.

Convoi à Donezk, après la reconnaissance de la "république populaire" par la Russie
Convoi à Donezk, après la reconnaissance de la "république populaire" par la RussieImage : Alexander Ryumin/TASS/dpa/picture alliance

Les projets de Vladimir Poutine restent ambigus en Ukraine. Lundi (21.02.2022), le président russe a reconnu l'indépendance proclamée par les sécessionnistes de Lougansk et de Donetsk.

Il a aussi autorisé l'envoi de "forces de maintien de la paix" dans ces régions mais le chef du Kremlin n'a pas annoncé quand les forces russes franchiraient la frontière ukrainienne. Sur place, plusieurs témoignages indiquent toutefois que les premières unités russes ont déjà franchi la frontière.

Un soldat ukrainien à Novoluhanske, dans la région de DonetskImage : GLEB GARANICH/REUTERS

Création en 2014

Les "Républiques populaires” autoproclamées de Donetsk et Lugansk ont été créées en 2014, en réaction aux manifestations pro-occidentales organisées à Kiev, la capitale ukrainienne. 

Ces entités recouvrent environ un tiers de la région métallurgique du Donbass, également riche en charbon, et les deux principales villes de cette région. A elles deux, elles comptent six à sept millions d'habitants.

Mais au vu des tensions dans cette zone frontière, des millions de personnes ont quitté les zones séparatistes pour d'autres régions de l'Ukraine et plusieurs centaines de milliers ont rejoint la Russie.

Dans la région de Donetsk, le 22 février 2022Image : ALEKSEY FILIPPOV/AFP

L'ère Yanoukovitch

En 2004, la "Révolution orange” empêche la victoire de Viktor Ianoukovitch, ancien gouverneur de Donetsk. Mais il devient président de l'Ukraine en 2010 et louvoie alors entre l'Union européenne et la Russie avant d'opter finalement pour cette dernière à l'hiver 2013-2014.

Mais son cours politique est loin de faire l'unanimité et des manifestations contraignent Viktor Ianoukovicth à fuir en Russie. Moscou profite alors du flou qui règne à Kiev pour annexer la Crimée. 

>> Lire aussi : Enquête pour "meurtres de masse" contre Ianoukovitch

Dans le Donbass, beaucoup de russophones ne s'accordent pas avec les nouvelles autorités ukrainiennes, des arsenaux sont pillés par des séparatistes pour se fournir en armes. Moscou nie les avoir soutenus dans les combats qui les opposent alors à l'armée ukrainienne, au sud-est de Donetsk.

Les accords de Minsk signés en 2015 gèlent la ligne de front.

Une russification de fait

A Donetsk comme à Lugansk, une "russification” s'opère. Désormais, les manuels scolaires sont en russe, on paie en roubles. En 2019, la Russie commence à distribuer des passeports à environ 800.000 habitants de l'est de l'Ukraine. Ce sont ces "Russes” que le Kremlin affirme désormais vouloir protéger.

Evacuation vers Rostov, en Russie, d'habitants de la région de Donetsk (18 février 2022)Image : Erik Romanenko/TASS/dpa/picture alliance

Les deux langues, le russe et l'ukrainien, sont parlées dans l'est du pays. Si l'ukrainien demeure la seule langue officielle, les deux tiers des habitants de la région affirment en 2019 que le russe est leur langue maternelle. C'est ce qu'établit une étude menée par un centre berlinois (le ZOiS).

Plusieurs options

Et désormais, les habitants semblent partagés entre deux scénarios : revenir au statu quo d'avant la crise ou être annexés par la Russie. Pour l'heure, il est difficile de dire avec certitude lesquels des habitants verront leur souhait se réaliser.

De vastes mouvements de populations ont lieu ces derniers jours pour se mettre à l'abri des combats qui menacent : vers la Pologne, la Roumanie, l'ouest de l'Ukraine... et la Russie.