C'est la crise...
10 mai 2010Merci, titre la Tageszeitung, avec une photo d'une guêpe à la robe noire et jaune (les couleurs emblématiques de la CDU, le noir, et du FDP, le jaune), qui gît immobile sur le flanc. Pour autant, le quotidien de Berlin n'épargne pas non plus les sociaux-démocrates avec cette pique : « Pour le SPD, c'est inhabituel de ne pas perdre une élection ».
La défaite de la coalition CDU-FDP signifie une chose, analyse la Frankfurter Rundschau : c'est une nouvelle chance donnée à la coalition rouge-verte, c'est-à-dire entre les sociaux-démocrates et les écologistes. Cette renaissance d'une combinaison politique chassée du pouvoir par les électeurs il y a cinq ans est une sensation. Une alternative qui ressemble à un gilet de laine : pas sexy pour un sou, mais confortable. Le fait que la grande coalition CDU/SPD apparaisse comme la seule option possible sur le long terme reflète bien la léthargie de ce pays.
Le plus mauvais score réalisé par la CDU depuis des années inspire à die Welt le commentaire suivant : la CDU de Düsseldorf n'a pas échoué en raison des défaillances de sa politique régionale. L'échec vient de l'ouverture politique que la CDU de Berlin a tenté sur sa gauche au niveau fédéral. Ce 9 mai sonne le glas d'une CDU capable de coaliser de tous les côtés. La tentative d'Angela Merkel n'a pas été payante.
Lors de ce scrutin qualifié de « petites législatives nationales », analyse la Frankfurter Allgemeine Zeitung, la politique régionale a été effacée par les dissensions au sein de la coalition au pouvoir à Berlin sur la loi de relance de la conjoncture, les baisses d'impôts, la consolidation du budget de l'état et la crise de l'euro. C'est justement dans cette crise européenne, que chacun a vu venir mais dont personne n'a su deviner les conséquences, que la coalition noir-jaune aurait pu gagner la confiance des électeurs en maîtrisant la situation. Mais ni Düsseldorf, ni Berlin n'ont su saisir cette chance.
Pourtant, cette crise de l'euro a conduit les chefs d'états des pays de la zone euro à prendre en l'espace de quelques heures des résolutions qui n'auraient pas été pensables il y a peu, même après des années d'âpres négociations, souligne la Süddeutsche Zeitung. Ce lundi, l'Europe a changé. Ses citoyens ne s'en rendront peut-être pas compte, mais la bataille de Bruxelles a révolutionné la Communauté européenne en renforçant la structure fragile de l'union monétaire par un squelette d'acier.