La Chine va-t-elle maintenir ses investissements en RDC ?
26 septembre 2025
En République démocratique du Congo, l'Observatoire de la dépense publique (Odep) émet des doutes quant aux chiffres avancés par la Chine, à propos de ses activités économiques en RDC.
En effet, Zhao Bin, l'ambassadeur de Chine à Kinshasa, a déclaré qu'en 2024, les entreprises chinoises avaient créé plus de 100 000 emplois en RDC, contribuant pour plus de trois milliards de dollars aux recettes fiscales. Cette déclaration intervient alors que les tensions montent entre Pékin et Kinshasa, à propos du blocage des exportations de cobalt.
Pour justifier son scepticisme, l'Observatoire de la dépense publique met en avant les expériences passées qui n'ont pas toujours été en faveur de la RDC.
Revoir les contrats avec la Chine
Florimond Muteba, le président de cet organisme public, cite ainsi l'exemple de la Sicomines, une coentreprise minière sino-congolaise, créée en 2008, pour exploiter des gisements de cuivre et de cobalt en RDC. Une expérience qu'il qualifie de "désastreuse".
D'après lui, "le gain était dans un déséquilibre tel qu'on ne peut pas croire ce qu'il dit aujourd'hui. En 15 ans, la Chine a gagné plus de 17 milliards de dollars. La RDC n'a reçu que 350 millions de dollars. Bien sûr, on va dire que c'était le problème du régime passé. Mais, vous savez, la classe politique reste la même. Il a fallu se battre pour revisiter le contrat chinois. Voilà donc, l'expérience avec les partenaires chinois. C'est très difficile de faire confiance à ce que raconte l'ambassadeur chinois".
L'ambassadeur Zhao Bin a également précisé que les sociétés minières chinoises ont investi 1,3 milliard de dollars dans les infrastructures de la RDC. C'est dans le secteur minier que s'exercent l'essentiel des relations économiques entre Pékin et Kinshasa.
En particulier avec le cobalt et le cuivre, le groupe chinois CMOC étant le plus gros producteur de ces minerais en RDC, grâce à l'exploitation des mines de Fungurume et de Kisanfu, dans la province de Lualaba, au sud du pays.
Le secteur minier congolais au cœur des tensions géopolitiques
Or, le moratoire sur l'exportation de cobalt, qui vient d'être levé, mais reste contrôlé par un système de quotas, pourrait tendre les relations entre Pékin et Kinshasa.
Christian Géraud Neema est un expert des questions de la Chine dans les pays du Sud. Selon lui, "les premiers huit mois de 2025, les relations commerciales entre la Chine et la RDC sont évaluées à environ 17 milliards de dollars, avec 14 milliards de dollars d'exportation de la RDC en direction de la Chine. Des exportations faites essentiellement de matières premières. Donc, si dans le secteur minier, les choses changeaient et que le secteur minier congolais, notamment, du cuivre et du cobalt, se retrouvait dans un contexte de conflit géopolitique, où l'État congolais pourrait s'aligner derrière les intérêts américains, il faudrait s'attendre certainement à un ralentissement des investissements chinois dans ce secteur-là".
Christian Géraud conseille, dans l'état actuel des choses, d'anticiper des investissements chinois en diminution dans le secteur minier, pour la fin de l'année 2025 et pour l'année 2026, et de s'attendre à une diminution des exportations congolaises en direction de la Chine.
L'actuelle restriction des exportations de cobalt est en effet destinée à faire remonter le cours du cobalt sur les marchés.