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Des bacheliers ivoiriens sans place à l'université

Julien Adayé
8 juillet 2024

En Côte d'Ivoire, les universités publiques manquent de place. Reportage.

Un homme parle dans un micro dehors, devant la "Sorbonne" d'Abidjan (illustration)
Beaucoup de bacheliers ivoiriens ne trouvent pas de place pour s'inscrire à l'universitéImage : DW

En Côte d'Ivoire, le taux de réussite de la session 2024 du baccalauréat a augmenté de deux points par rapport à l'année précédente. Sur 343.162 candidats présents, 117.266 ont été déclarés admis, ce qui représente un taux de réussite de 34,17 %, contre 32,09% en 2023.

Mais désormais, pour les bacheliers, se pose le problème de trouver une place dans une université. Les établissements publics manquent en effet de place, un phénomène qui pousse les enfants des milieux aisés à choisir les établissements privés. 

Problèmes d'orientation

La Côte d'Ivoire compte cinq établissements universitaires, dont deux à Abidjan, les trois autres se situant à Daloa, Bouaké et Korhogo. Enfin, trois universités spécialisées doivent ouvrir à la rentrée prochaine.

Malgré tout, ces différentes universités ne pourront pas absorber tous les nouveaux bacheliers. Zeinab Yah Coulibaly vient de décrocher son bac en série littéraire et elle rêve de s'inscrire à la faculté de droit. Mais ses chances sont minces.  

"Le prochain défi pour moi, sera le problème d'orientation, raconte Zeinab Yah Coulibaly. Parce que je me dis que l'Etat ne pourra pas prendre en charge tous les admis.''

Les élèves les plus démunis doivent prendre des petits boulotsImage : DW

Le bac, oui, mais après ? 

Tout comme Zeinab, Rayan Moussa Koné vient de réussir son baccalauréat, mais dans une catégorie scientifique. Il espère être admis en faculté de médecine.

Ce jeune bachelier est toutefois conscient que, comme dans tous les départements des universités publiques, les places à la faculté de médecine sont rares et les amphithéâtres souvent surchargés.

"Pour l'orientation, le plus difficile, c'est de faire un choix adapté à sa propre personne, estime Rayan Moussa Koné. Vu que souvent, après avoir été orienté à l'université, on se retrouve dans des filières qui ne sont pas vraiment faites pour nous. C'est carrément une perte de temps. Et il y a aussi souvent beaucoup de monde dans les amphis des universités publiques, on peut avoir des amphis avec plus de mille personnes."

Fatoumata Ebrango vient de décrocher son baccalauréat après deux tentatives. Mais à la question de savoir dans quelle filière elle compte poursuivre les études, elle répond ceci : "Je n'ai pas pensé à ça. Au fait c'est à cause du stress du bac donc je n'ai pas pensé à ça au fait. Pour moi c'était le bac d'abord."

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Une place pour six étudiants

Moins de 20.000 places sont disponibles dans les universités publiques du pays, soit environ une place pour six étudiants.

Dans les familles aisées, le choix se porte donc souvent sur une université privée, où le manque de place n'est pas le problème. Pour les plus défavorisés, en revanche, ne pas trouver d'université peut signifier la fin des études. C'est le constat que font Zeinab Yah Coulibaly et Rayan Moussa Koné.

"Pour les nouveaux bacheliers qui ne seront pas orientés, les parents qui ne pourront pas prendre en charge leur formation, ces élèves-là seront sur le carreau, regrette Zeinab Yah Coulibaly. Moi je pense que l'Etat doit mettre en place de nouvelles universités, afin de prendre en charge les nouveaux bacheliers.''

Petits boulots

Rayan Moussa Koné confirme : "Cette année aussi, comme toutes les autres années, il y a des élèves qui ne seront pas orientés par l'Etat malgré qu'ils ont eu leur bac. Et malheureusement, s'ils ne viennent pas d'une famille un peu aisée, ils ne pourront pas poursuivre leurs études dans des universités privées. D'autres seront obligés de "faire cabine" (vente de crédits de téléphonie mobile, ndlr) ou pour ceux qui ont le permis, chauffeur de taxi.''

Les résultats nationaux de l'examen du baccalauréat de la session 2024 montrent encore une fois que les filles font mieux que les garçons.

Les chiffres révèlent que 58.980 filles ont été admises, soit un taux de réussite de 34,71%, tandis que 58.286 garçons ont eu leur bac, représentant un taux de 33,64%.