Coaltion avec l’extrême-droite en Pologne
8 mai 2006Pour le Tagesspiegel, cela ne pourrait pas être pire. Jaroslaw Kaczynski, le chef du parti conservateur au pouvoir, Droit et Justice, enfonce de plus en plus son pays dans la crise. Avec le populiste Andrzej Lepper et le nationaliste ultra-catholique Roman Giertych, il a réuni dans sa coalition les personnages les plus sordides de la triste scène politique du pays. Lepper, fervent admirateur du président biélorusse Alexandre Loukachenko, se voit confié le ministère de l’agriculture et décoré du titre de vice premier ministre. L’anti-européen Giertych, qui grâce à la branche jeunesse de son parti, a de nombreux contacts dans la scène néo-nazie, obtient le ministère de l’éducation. Heureusement, poursuit le quotidien, l’alliance des populistes est loin d’être stable. Le reste de l’Europe peut donc espérer que cette nouvelle coalition se détruira d’elle-même.
Un jour, prédit la Tageszeitung, les Polonais regretteront le moment où ils ont élu les frères Kaczynski et leur parti « Droit et Justice ». Avec eux, tout devait s’améliorer : les pauvres allaient devenir riches, ceux qui avaient faim seraient rassasiés, les perdants passeraient enfin du côté des gagnants. Les deux frères, l’un président, l’autre chef de parti, ont annoncé des lois plus sévères et une super police pour lutter contre la corruption. Mais six mois après leur entrée au pouvoir, les Polonais commencent à se sentir mal. Car le fait que « Droit et Justice » ferait un pacte avec les populistes et l’extrême-droite, ça les frères Kaczynski ne l’avaient pas annoncé.
Avec cette nouvelle alliance, écrit la Süddeutsche Zeitung, les frères Kaczynski ne risquent pas seulement de graves tensions politiques à l’intérieur du pays, mais aussi un affrontement avec l’Union Européenne, sans parler des effets négatifs pour l’image de la Pologne dans le monde. Les frères Kaczynski ont choisi la confrontation, avec la société polonaise et avec leurs voisins européens. Ce n’est pas ce qui va mener à la « réparation de l’Etat » qu’ils avaient promise. En ce qui concerne les priorités de la politique, la prospérité économique et l’équilibre social, ils n’ont en effet aucun concept. Dans son chemin vers une société stable, la Pologne pourrait perdre beaucoup de temps et d’énergie, conclut le quotidien.