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En Ituri, des combats se rapprochent de Bunia

16 mai 2025

En Ituri, les affrontements font rage depuis plusieurs jours entre l’armée congolaise et les rebelles du CRP de Thomas Lubanga, qui dit vouloir libérer la province.

Bunia vue du ciel
Bunia est le chef-lieu de la province de l'Ituri et situé près du Lac AlbertImage : Marcus Loika/DW

En Ituri, les combats font rage depuis plusieurs jours entre les FARDC (Forces armées de la RDC) et les rebelles de la Convention pour la Révolution Populaire (CRP).

Selon l'armée congolaise, les affrontements se rapprochent dangereusement de la ville de Bunia. La CRP est un mouvement armé créé par Thomas Lubanga, ancien seigneur de guerre condamné par la Cour pénale internationale en 2012, qui affirme vouloir libérer l'Ituri de la gouvernance de Kinshasa et mettre fin aux inégalités socio-politiques. Mais sur le terrain, son projet divise et peine à rallier la population.

À une trentaine de kilomètres de Bunia, dans le territoire de Djugu, les insurgés ont ciblé des positions stratégiques. Des pertes civiles et militaires sont à déplorer, sans qu'un bilan officiel ne soit communiqué.

"Nous sommes en pleine opération, confirme le lieutenant Jules Ngongo, porte-parole de l'armée. L'objectif est d'étouffer cette menace dans l'œuf. Le mouvement rebelle de Thomas Lubanga, allié au M23, cherche à déstabiliser la ville de Bunia. Nous ferons tout pour protéger notre population".

Ecoutez le reportage à Bunia...

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Thomas Lubanga accuse Kinshasa de piller l'Ituri

Pour créer la CRP, Thomas Lubanga s'est appuyé sur plusieurs milices déjà présentes en Ituri. Il a confié la direction de son mouvement à Lobho Pisi, un ancien colonel de l'armée congolaise ayant récemment fait défection depuis Beni, dans le Nord-Kivu.

Bien que Lubanga justifie sa démarche par une volonté de s'émanciper de Kinshasa, qu'il accuse de piller les ressources naturelles de l'Ituri, son initiative ne convainc guère la population.

"Nous avons appris la création de cette nouvelle rébellion, assure Michel Meta, président de l'Association culturelle pour le développement de l'Ituri (UNADI). Nous vivons déjà avec plusieurs groupes armés. Nous ne voulons pas d'un de plus, ni d'une nouvelle effusion de sang. L'Ituri a trop souffert. Nous avons besoin de paix".

La guerre du M23 fait aussi des victimes en Ituri

02:42

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Même les anciens alliés de Thomas Lubanga prennent leurs distances. C'est le cas d'Yves Kahwa Panga, ancien combattant à ses côtés. Condamné en 2014 par la cour militaire de Kisangani pour crimes de guerre et crimes contre l'humanité, il a purgé sa peine et vit aujourd'hui en RDC après un exil en Ouganda. Pour lui, ce projet est "une escroquerie politique. Monsieur Thomas cherche simplement à faire reconnaître sa rébellion pour prendre part à des négociations. Ce n'est qu'une manœuvre intéressée. Prendre les armes sous prétexte de nous libérer n'est qu'un leurre".

Reconnu coupable de crimes de guerre

Selon le Bureau de coordination des affaires humanitaires de l'Onu (OCHA), les violences armées se sont intensifiées en février. Plus de 100 000 personnes ont été déplacées dans les territoires de Djugu, Irumu et Mambasa.

L'est de la RDC est secoué depuis des années par des affrontements entre groupes armés et l'arméeImage : STUART PRICE/AFP/Getty Images

Thomas Lubanga a été reconnu coupable en mars 2012 de crimes de guerre, pour avoir enrôlé et utilisé des enfants soldats de moins de 15 ans. Il a été condamné à 14 ans de prison, dont il a purgé l'essentiel en RD Congo, avant d'être libéré le 15 mars 2020. La procédure de réparation en faveur des victimes est en cours depuis août 2012.

Quant à Yves Kahwa Panga, il a lui aussi été impliqué dans l'enrôlement d'enfants dans les années 2001-2002, selon le Bureau de la Représentante spéciale du Secrétaire général des Nations Unies pour les enfants et les conflits armés.