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Comment lutter contre le racisme dans la police allemande ?

17 septembre 2020

En Allemagne, 29 officiers de la police du Land de Rhénanie du Nord-Westphalie ont été suspendus pour avoir échangé des images néonazies dans des groupes Whatsapp.

"Stop le contrôle au faciès"
"Stop le contrôle au faciès" - panneau brandi lors d'une manifestation à Berlin en juillet 2020Image : picture-alliance/dpa/C. Soder

"Au début, je ne voulais pas y croire !", s'est exclamé le ministre de l'Intérieur de Rhénanie du Nord-Westphalie, Herbert Reul.

Et pourtant… les enquêteurs ont retrouvé des portraits d'Adolf Hitler, des photos de drapeaux du Reich, des croix gammées sur le chat d'officiers de la police régionale. Et la photo qui choque le plus l'opinion publique, c'est sans doute le montage qui montre un réfugié dans un camp d'extermination nazi.

Ce nouveau scandale relance la suspicion sur l'influence grandissante de réseaux d'extrême droite dans les rangs de la police allemande.

Jörg Radek, vice-président du Syndicat de la police, se dit "écoeuré"Image : picture-alliance/dpa/A. Burgi

"A vomir"

Jörg Radek, vice-président du Syndicat de la police, se dit  écœuré par ces révélations. Il qualifie les contenus retrouvés par les enquêteurs d'images "à vomir". Pour lui, les policiers qui détenaient ces images néonazies savaient très bien ce qu'elles représentaient, sinon ils auraient pu les effacer, quitter les groupes de chat en question et signaler les abus.

Jörg Radek évoque plusieurs mesures possibles pour remédier au problème de fond, sur la radio Deutschlandfunk :

"Dans certains Länder, on pourrait introduire des quotas. Prenez la Saxe-Anhalt, par exemple. 7,3% des jeunes recrues sont issues de l'immigration, c'est davantage que le taux d'immigrés vivant dans la région. Mais cette mesure seule ne suffit certainement pas à éradiquer le racisme ou l'extrémisme au sein de la police."

"Un cas isolé?!", peut-on lire sur le dos de cette manifestante, qui proteste contre le racisme et le sexisme au sein de la police à Erfurt, en Thuringe, en juillet 2020Image : picture-alliance/dpa/M. Schutt

Pas seulement des cas isolés

En Hesse, en Saxe, à Berlin, en Bavière des cas de racisme dans la police ont déjà défrayé la chronique – sans parler des contrôles au faciès interdits mais répandus - mais jusqu'à présent, ils ont été traités comme des cas isolés.

>>> A lire aussi : Extrême-droite: nouveau scandale dans la police régionale allemande

Or au-delà des sanctions administratives des agents mis en cause, et éventuellement de leur poursuite au pénal, il est nécessaire de reconnaître qu'il y a des failles structurelles qui ont permis à l'idéologie d'extrême-droite de s'enraciner aussi au sein de la police.

La police est le bras armé de l'exécutifImage : picture-alliance/dpa/M. Kusch

Comment une police peut-elle être socialement légitime, être acceptée par les citoyens comme le bras armé de l'exécutif et du pouvoir de l'Etat si ses membres eux-mêmes ne respectent pas la loi de la démocratie qu'ils sont censés défendre et faire appliquer ?

A l'académie de police de Berlin, les jeunes recrues suivent aussi des cours d'histoire. Les formateurs tentent de les sensibiliser notamment aux horreurs des camps de concentration et d'extermination nazis. L'élève Dähn, 18 ans, témoigne, également sur le Deutschlandfunk :

"On a parlé du national-socialisme à l'école et ici sur le comportement de la police durant la dictature. Je trouve ce comportement vraiment mauvais. Ils persécutaient, abattaient des gens. Il faut que ce soit enseigné pour que les gens d'aujourd'hui soient au courant et que ça ne se reproduise plus jamais."

Des manifestations en soutien au mouvement Black Live Matter à Cologne en juin 2020Image : Imago Images/Future Image/C. Hardt

Une meilleure formation des agents de police, davantage de contrôles de leurs activités permettraient sans doute d'endiguer les débordements racistes et une meilleure mise en commun des informations des ministères régionaux de l'Intérieur.

Voici ce que recommandent de nombreuses voix parmi lesquelles celle du chef du parti écologiste, Robert Habeck, de l'opposition.

Robert Habeck qui estime que cette affaire d'images néonazies dans un chat de la police "touche l'Etat, la démocratie en plein cœur". Et il dénonce un "esprit de corps mal compris" qui pousse souvent les policiers à couvrir leurs collègues.

 

 

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