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Economie

Compact with Africa, insuffisant pour les PME allemandes

20 novembre 2019

L'initiative allemande destinée à renforcer les investissements dans douze pays africains peine à convaincre les entrepreneurs allemands.

Mali Bamako - Brückenbau
Image : picture-alliance/Photoshot

La deuxième grande conférence organisée à Berlin sur l'Afrique a dressé un bilan provisoire du plan "Compact with Africa".

Il s'agit d'une initiative lancée en 2017 par le gouvernement allemand pour encourager les échanges commerciaux  et inciter les entreprises allemandes à investir dans douze pays africains.

Les Etats associés à l’initiative "Compact with Africa" sont l’Egypte, le Bénin, le Burkina Faso, le Ghana, le Maroc, la Guinée, la Côte d’Ivoire, la Tunisie, le Sénégal, le Togo, l’Ethiopie et le Rwanda. Tous se sont engagés à poursuivre des réformes sociales et économiques, et à promouvoir davantage de transparence.

Ce tweet du porte-parole du gouvernement situe les pays concernés par l'initiative "Compact with Africa".

Berlin appelle les chefs d'entreprise à considérer l'Afrique comme un continent d' "opportunités". Mais la majorité des PME allemandes hésitent toujours à se lancer.

Peu d'entreprises allemandes présentes en Afrique

Seules 800 entreprises à capitaux allemands sont présentes en Afrique. Les exportations allemandes vers l'Afrique représentent 23 milliards d'euros, contre 22 milliards pour les importations en 2018.

L'année dernière, les investissements directs allemands en Afrique ont atteint deux milliards d'euros et ont peu augmenté par rapport à 2017, année de lancement de l'initiative "Compact with Africa".

Sabine Odhiambo, directrice par intérim de la Fondation allemande pour l'Afrique (Deutsche Afrika Stiftung) rappelle que l'annonce a suscité de grands espoirs qui ont en parti été déçus : les changements prennent du temps. 

Elle reconnaît que "du point de vue allemand, il y a encore des blocages". Selon elle, "les entrepreneurs allemands sont souvent plus conscients des risques que d'autres investisseurs, y compris en Europe, ou en Chine. Il y a aussi un manque d'informations. Et les pouvoirs publics vont devoir aussi améliorer ce point."

Les responsables politiques ont reconnu cette nécessité en lançant l'année dernière un fonds d'investissement à hauteur de 400 millions d'euros plus un milliard supplémentaire pour encourager les investissements, surtout dans les pays du "Compact with Africa".

Des ouvrières d'une usine automobile de l'équipementier allemand Dräxlmaier en TunisieImage : picture-alliance/dpa/R. Jensen

La jungle des structures

Mais cette initiative aussi trouve ses limites, comme l'explique Sabine Odhiambo :

"Le fonds d'investissement "Africa Connect", par exemple, est doté de 400 millions d'euros pour encourager les PME . Mais il finance des projets d'au moins 1,4 millions, à hauteur de 750 000 euros, ce qui signifie que les 750 000 euros restants doivent être apportés par l'entreprise."

Une somme dissuasive pour des petites entreprises allemandes, qui ont toujours des problèmes de financement.

Le fonds d’investissement "Africa Connect" est pourtant censé limiter les risques pour les investissements dans le secteur du développement et le "réseau économique Afrique" (Wirtschaftsnetzwerk Afrika) mettre les entreprises en relation.

La banque allemande de crédit pour la reconstruction, ou KfW, a également annoncé la création, avec le groupe Allianz, d’un fonds de fonds nommé "AfricaGrow". Cette structure doit analyser et sélectionner les meilleurs placements dans le secteur du développement. Jusqu’à 170 millions d’euros d’argent public et privés devrait ainsi bénéficier à 150 PME innovantes sur le continent africain.

Mais Sabine Odhiambo regrette cette multiplication des structures qui brouillent les pistes.

"Cela trouble les partenaires en Afrique mais aussi les entrepreneurs en Allemagne qui ne savent plus à qui s'adresser et pour quoi", explique-t-elle. "Il faut faire des efforts pour faciliter les choses aux entrepreneurs."

Angela Merkel au Compact with AfricaImage : Getty Images/AFP/J. Macdougall

Sabine Odhiambo estime ainsi que des accords pourraient  être passés avec les Etats sur la fiscalité, pour éviter les doubles taxations.

Les freins à l'investissement

La poussée démographique, les problèmes linguistiques, l'insécurité mais aussi la corruption sont également  des facteurs qui dissuadent les entrepreneurs allemands. Ainsi que la place déjà prise sur le marché par d'autres pays comme la Chine, la France, les Etats-Unis ou la Turquie qui sont moins frileux dans la prise de risques.

Par ailleurs, comme le souligne la KfW, l'importance des secteurs de l'énergie et des mines en Afrique ne facilite pas les entreprises allemandes qui y sont peu présentes, à la différence d'autres pays, encore une fois, comme le Royaume-Uni, les Etats-Unis, le Canada ou la France.

Appel des ONG

Plusieurs organisations ont déploré l'absence de représentants de la société civile à la rencontre de Berlin. Elles ont appelé à ce que les investissements en Afrique profitent réellement à la population.

Nene Morisho, directeur du Pôle Institut dans l'est de la RDC a ainsi souligné la nécessité que les entreprises qui investissent en Afrique paient leurs impôts pour que cet argent puisse être réinjecté dans de grands projets tels que la construction de routes ou d'infrastructures.

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