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Compromis européen en faveur du projet gazier germano-russe

Hugo Flotat-Talon | Jean-Michel Bos
8 février 2019

Allemagne et France se sont mis d'accord sur une nouvelle réglementation européenne liée au gaz ce vendredi. Un compromis accepté par les autres pays européens. Il devrait éviter la mise à mal du projet Nord Stream 2.

Ostseepipeline Nord Stream 2
Image : picture-alliance/dpa/S. Sauer

Un compromis européen sur le transport du gaz a été trouvé ce vendredi 8 février. Il s'agit en fait d'un accord trouvé sur une nouvelle réglementation proposée par la France et l'Allemagne. Il devrait éviter de mettre à mal le projet de gazoduc Nord Stream 2 entre la Russie et Allemagne. Ce projet fait débat dans l'Union européenne depuis son lancement.

En effet, les Etats membres de l'Union européenne se sont mis d'accord pour réviser la réglementation sur le transport du gaz sur la base d'un texte avancé par la France et l'Allemagne. Cette révision, voulue par Bruxelles, pouvait poser des difficultés au projet de gazoduc Nord-Stream 2 puisqu'elle prévoit de faire appliquer les règles du marché commun de l'énergie aux gazoducs originaires de pays tiers. Or, le droit européen impose des conditions strictes, notamment en matière de transparence et de respect de la concurrence.

La carte ci-dessous illustre le tracé du projet Nord Stream 2

Dépendance allemande vis-à-vis de la Russie

Cette réforme risquait donc de remettre en question Nord Stream 2 qui doit permettre de doubler les capacités de livraison de gaz entre la Russie et l'Allemagne. Mais dans le contexte géopolitique actuel, acheter du gaz russe est aussi un acte politique puisque Nord Stream 2 va renforcer la dépendance énergétique de l'Allemagne vis-à-vis de la Russie. 

Personne ne dissimule cet enjeu et même le porte-parole du Kremlin s'en est dit conscient en cette fin de semaine. "Il n'y a pas d'unanimité sur le Nord Stream 2 au sein de l'Union européenne pour le moment, mais nous espérons que les nations membres de l'Union européenne régleront cette question elles-mêmes, a déclaré Dmitri Peskov. Nous pensons toujours que ce projet est bénéfique à la fois pour les intérêts des consommateurs de gaz européens et pour la Fédération de Russie en tant que fournisseur de gaz."

Plus de 600 kms de tuyaux ont déjà été posésImage : picture-alliance/dpa/B. Wüstneck

L'Ukraine privée de recettes douanières

Si ce gazoduc est positif pour la Russie et l'Allemagne, il l'est moins pour leurs voisins. Il passera en mer baltique et évitera donc les territoires polonais ou ukrainien. Ce qui pourrait priver l'Ukraine de recettes douanières.

A Bruxelles, la Commission européenne redoute aussi une dépendance trop importante vis-à-vis de la Russie. Un point sur lequel la chancelière allemande Angela Merkel s'est efforcée de rassurer ses partenaires ce vendredi. "L'Allemagne veut sécuriser son approvisionnement énergétique avec différentes sources. Le gaz russe en fait partie, mais nous ne dépendons pas uniquement du gaz russe", a-t-elle dit. 

Pression américaine

S'ajoute à ces problèmes, une pression américaine. Les Etats-Unis s'opposent au projet pour lutter contre l'influence russe et vendre le gaz de schiste, produit en abondance depuis quelques années sur le continent américain.

Mais le processus de décision européen étant ce qu'il est, le compromis obtenu entre les 28 devra être traduit par une proposition de la Commission qui devra encore être votée par les Etats membres et surtout le Parlement européen, majoritairement opposé à Nord Stream 2.

Hugo Flotat-Talon Journaliste au programme francophone de la Deutsche WelleHugo_FT_
Jean-Michel Bos Journaliste au programme francophone de la DW.JMBos