Condamnation de l'arbitre Robert Hoyzer
18 novembre 2005Deux ans et cinq mois, c’est une peine de taille pour quelqu’un qui passe certainement pour un petit malfrat dans le grand domaine de la criminalité économique, écrit la Süddeutsche Zeitung. Ceux qui s’enrichissent avec des coups boursiers douteux ou des détournements de fonds doivent sourire devant la somme ridicule des gains illégaux de Robert Hoyzer. L’indignation et le choc provoqués par l’affaire ont en fait deux raisons, explique le journal. Tout d’abord les arbitres, du moins les allemands, ont ici la réputation d’être absolument incorruptibles. Ensuite parce tout le monde le sait, il n’y a dans la vie quasiment rien de plus important que le football.
Pour la Tageszeitung, avec ce procès-éclair, le scandale qui a tant ébranlé le monde du football allemand, a finalement été minimisé, à la satisfaction des fans et de la Fédération allemande de football. La coupe du monde de foot, qui doit commencer dans huit mois, ne sera pas entachée par une procédure pénale en cours. Tout cela n’est donc pas si grave semble-t-il. Et pourtant, poursuit le quotidien, beaucoup de points n’ont pas été clarifiés dans cette affaire. Notamment le rôle de la Fédération allemande de football, qui - au moment où naissaient les premiers soupçons – voulait traiter l’affaire en interne et qui a remué ciel et terre pour les matchs de première division ne soient pas soupçonnés de trucage.
La Neue Osnabrücker Zeitung est quant à elle persuadée que l’affaire Hoyzer n’est pas un cas isolé. Depuis que les arbitres peuvent rapidement devenir des professionnels hautement rémunérés et obtenir le statut de stars du monde sportif, leur état d’esprit a changé. Dans la Bundesliga, ce ne sont plus seulement des fonctionnaires scrupuleux et discrets qui donnent les coups de sifflets, mais aussi de jeunes carriéristes, à la recherche de l’argent et de la gloire. Pour le journal, les grands gagnants du scandale et du procès sont les parieurs. Car la médiatisation de l’affaire a servi de campagne publicitaire gratuite à un marché qui, depuis la fin du monopole de l’Etat sur les paris, est capable de réaliser un chiffre d’affaires annuel de deux milliards d’euros.