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Pourquoi ce qui se passe à Gaza peut-être un "génocide"

Cherie Chan | Carole Assignon
2 septembre 2025

Des voix comme celle de l'Association internationale des chercheurs sur le génocide dénonce les actions de l'armée israélienne à Gaza.

Des déplacés dans la bande de Gaza.
De plus en plus de voix s'élèvent pour qualifier de génocide ce qui se passe à Gaza.Image : Jehad Alshrafi/AP Photo/picture alliance

Dans la bande de Gaza, après près de deux années de guerre contre le Hamas palestinien, Israël intensifie, depuis ce mardi 2 septembre, ses préparatifs militaires, en réintégrant dans ses rangs des milliers de réservistes, en vue d'une nouvelle offensive annoncée sur la ville de Gaza. Cette offensive est en préparation, alors qu'une vingtaine de bateaux humanitaires ont quitté, dimanche, une première fois Barcelone avec l'objectif "d'ouvrir un corridor humanitaire et de mettre fin au génocide en cours du peuple palestinien".

De plus en plus de voix s'élèvent en effet pour dénoncer les actions de l'armée israélienne qu'elles qualifient de génocide. C'est le cas de l'International Association of Genocide Scholars.

Des signes de génocide

D'après une résolution de l'Association internationale des chercheurs sur le génocide, les actions du gouvernement israélien répondent aux critères du génocide, tels que définis par le droit international.

Timothy Williams, chercheur au sein de l'association, explique ainsi que le crime de génocide comprend cinq types d'actions différentes qui peuvent être commises pour être reconnu comme tel.

Plus de 60 000 personnes ont été tuées à Gaza.Image : Abdel Kareem Hana/AP Photo/picture alliance

" La première est le meurtre, et nous avons déjà vu plus de 60 000 personnes tuées à Gaza. Il y a aussi les dommages physiques et psychologiques. Il faut également noter le fait d'infliger des conditions de vie calculées, pour provoquer la destruction du groupe, et nous le voyons de nombreuses façons : la destruction des champs agricoles et des entrepôts alimentaires, des boulangeries, créant des conditions de famine. Nous avons aussi vu que 90 % des logements ont été détruits. Enfin, il y a les attaques délibérées contre les travailleurs humanitaires et la limitation de la quantité d'aide humanitaire qui arrive" explique Timothy Williams.

Tout cela constitue, selon l'expert, des actes de génocide. Celui-ci précise que cela doit encore s'accompagner d'une intention, ce qui est une condition très importante dans la Convention sur le génocide.

Mais comment se définit concrètement "l'intention de commettre un génocide ?"

Selon Timothy Williams "elle se manifeste à travers des actions et des déclarations. Et nous voyons, depuis près de deux ans maintenant, des hauts responsables gouvernementaux et militaires faire des déclarations qui, ensemble, constituent, selon nous, une intention de détruire. Comme le langage déshumanisant que l'on retrouve dans de nombreux cas de génocide, qualifiant les Palestiniens d'animaux, ainsi que l'amalgame entre les civils palestiniens et le Hamas et l'intention de détruire le Hamas dans son intégralité, ce qui signifie que toute personne en Palestine est une cible légitime à Gaza".

Selon les Nations unies, environ un million de personnes vivent dans la ville de Gaza et ses environs, où une famine a été déclarée.Image : Abdel Kareem Hana/AP Photo/picture alliance

Une réaction excessive

Face aux accusations de génocide, Israël nie farouchement et blâme le Hamas. Selon Timothy Williams, le gouvernement israélien a le droit de se défendre, mais toute action militaire doit être proportionnée. 

 "Ce que nous voyons ici va bien au-delà de ce qui est nécessaire sur le plan militaire" explique l'expert qui précise qu'il n'est "jamais légal de commettre des crimes contre l'humanité, des crimes de guerre ou un génocide dans le cadre d'une campagne militaire. Ainsi, de ce point de vue, si l'action militaire d'Israël est bien sûr justifiée, en principe, après les terribles attentats perpétrés par le Hamas, cela ne justifie pas tous les moyens utilisés pour y parvenir".

Selon les Nations unies, environ un million de personnes vivent dans la ville de Gaza et ses environs, où une famine a été déclarée.

Malgré une pression croissante, tant à l'étranger qu'au sein de la population israélienne, le gouvernement israélien a ordonné à l'armée de lancer une nouvelle offensive sur Gaza-ville, avec comme objectif d'y anéantir le Hamas et de récupérer les otages encore détenus.