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Au moins 17.000 civils sont morts dans des conflits en 2022

Elisabeth Asen
20 octobre 2023

Une douzaine de conflits ont endeuillé la planète l’année dernière. L’Afrique a été le continent le plus touché par les violences.

Une femme réfugiée au Tchad pleure la mort d'un de ses proches
Le conflit au Soudan a fait plus de 7,1 millions de personnes déplacées à l'intérieur du paysImage : ZOHRA BENSEMRA/REUTERS

Ce 20 octobre marque la Journée mondiale de la résolution des conflits, dans un contexte où plus de 100 millions de personnes dans le monde ont été chassées de chez elles à cause des violences et des persécutions, et près de 17.000 ont été tuées dans une douzaine de conflits, en 2022, selon les Nations unies. L’Afrique est le continent le plus touché au monde par les conflits et violences de toutes sortes. 

L’Afrique a connu, au cours des cinquante dernières années, le nombre le plus important de conflits, avec un bilan humain qu’on pourrait estimer à plus de dix millions de morts. 

La résolution des conflits s’est avérée inefficace, laissant des violences perdurer sur des décennies, comme par exemple en République démocratique du Congo.  

A ceci s’ajoutent l’irruption de nouveaux affrontements, comme dans le Sahel depuis une dizaines d’années. 

En Ethiopie, entre novembre 2020 et novembre 2022, un guerre extrêmement brutale et meurtrière a opposé l'armée fédérale, épaulée par des milices régionales, aux autorités du TigréImage : Million Haileselassie/DW

Du discours de haine aux tueries 

Le diplomate rwandais Guillaume Kavaruganda, directeur général pour l’Europe, l’Amérique et les Nations unies au sein du ministère rwandais des Affaires étrangères, estime que la notion de paix n’est pas suffisamment répandue au sein des populations. 

"Au Rwanda, on en sait quelque chose car de 1991 à 1994. Nous avons connu des discours de haine et cela s’est terminé par le génocide contre les tutsis, où nous avons perdu un million deux cent mille personnes (les estimations officielles des Nations unies évoquent 800.000 morts, ndlr) dans un intervalle de trois mois. Cela commencé par les discours de haine, la discrimination, la déshumanisation et s’est terminé par les tueries. C’est un devoir pour nous tous", estime le diplomate.

Dans au moins quinze conflits armés, notamment au Cameroun, au Burkina Faso et en République démocratique du Congo, ou encore dans bien d’autres pays africains, les forces gouvernementales ou des groupes armés non étatiques ont été impliqués dans des abus à l’encontre de civils.  

Et les dirigeants africains se sont montrés le plus souvent peu en mesure de mettre un terme rapidement aux violences.  

De nombreux conflits, comme celui en Ukraine, finissent par s'inscrire dans la duréeImage : Gleb Garanich/REUTERS

Impuissance des Etats 

Selon l’analyste géopolitique France Régis Hounkpe, "quand il y a le début d’une crise, d’un conflit, la Cédéao doit réagir, la Cémac doit réagir, l’Union du Maghreb… et parfois même anticiper. Ce qu’on voit moins. Ne parlons même pas de l’Union africaine qui est un peu un tigre de papier. Nous avons des institutions incarnées par des leaders qui sont discrédités, délégitimés."

France Régis Hounkpe ajoute que la cause de ces conflits est souvent l’appartenance ethnique qui prime sur la nationalité. 

"Il y a la mobilisation des consciences, les gens ne se sont pas accaparés par l’idée de la patrie. Est-ce que les gens se sentent totalement Béninois, Togolais, Algériens, Camerounais ? Si nous avons autant de crises sur le continent, cela part aussi de tout cela. Il faut l’intégrer dans l’éducation dès les premiers cycles d’apprentissage de l’école primaire et maternelle, il faut qu’il y ait une vraie appropriation des sujets de paix et de sécurité. Vous remarquerez que lorsqu’il y a des conflits tribaux, ethniques, c’est parce que les gens sont biberonnés à la haine et l’égocentrisme", se désole l’analyste. 

Les conflits en Afrique constituent donc un défi pour les gouvernants. Cette journée vient rappeler au monde combien il est impossible d’assurer la paix à long terme sans un véritable dialogue politique sur la bonne gouvernance et le développement du pays.

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