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Contestation en Guinée : des dizaines de morts depuis un an

14 octobre 2020

Selon l'opposition, au moins 90 manifestants ont été tués par les forces de l'ordre depuis un an. Des violences qui ne surprennent pas le président de l'Organisation guinéenne des droits de l'homme (OGDH).

Guinée: un an de contestation contre un 3ème mandat d'Alpha Condé
Guinée: un an de contestation contre un 3ème mandat d'Alpha CondéImage : AFP/C. Binani

Les Guinéens vont voter ce dimanche 18 octobre pour l'élection présidentielle à laquelle se présente, pour un troisième mandat, le président Alpha Condé. Une élection et une candidature qui attisent les tensions et provoquent des contestations depuis un an. 

Selon le Front national pour la défense de la Constitution (FNDC) au moins 90 manifestants ont été tués par les forces de l'ordre.

Des violences qui ne surprennent pas le président de l'Organisation guinéenne des droits de l'homme (OGDH). Car, selon Abdoul Gadiri Diallo, l'armée guinéenne n'est "pas républicaine" et elle "obéit à une logique ethnique". 

"Instrumentalisation" des forces de l'ordre

Abdoul Gadiri : J'ai eu l'opportunité d'appartenir à la commission que conduisait le général Cissé, et qui devait faire l'évaluation du secteur de la sécurité en Guinée. Les conclusions auxquelles on a abouti : c'est une situation catastrophique. Et c'est sur recommandation de cette commission que le programme de réforme du secteur de la sécurité a été mis en place et que devait conduire l'actuel régime. Mais, à notre grande surprise, on se rend compte que l'armée républicaine qu'on voulait en Guinée n'en est pas une, du fait de l'instrumentalisation de cette réforme du secteur de la sécurité par les autorités actuelles.

Abdoul Gadiri Diallo : "l’armée guinéenne n'est "pas républicaine"

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DW : Donc vous voulez dire que c'est à cause de cette situation que les forces de l'ordre tirent à bout portant certains manifestants de l'opposition ?

Abdoul Gadiri : D'abord lors du recrutement même : on fait en sorte que, quand vous n'êtes pas d'une certaine communauté, vous ne pouvez pas être recrutés. J'ai vu des Malinkés qui ont postulé pour être dans l'armée mais qu'on n'a pas recruté par ce qu'on dit qu'ils sont nés dans une autre région que les régions réputées être des régions malinkés.

Dès le 2 avril, Amnesty dénonçait le recours à des tirs à balles réellesImage : AFP/C. Binani

DW : Donc il faut être issu de la région où est né le président Condé avant d'espérer se faire recruter ?

Abdoul Gadiri : Il y a eu une ethnicisation et une régionalisation systématique entretenue par un clan, y compris dans lequel figure le ministre de la défense et tous ceux qui sont des décideurs à ce niveau-là.

DW : Est-ce que dans ces conditions, le scénario à la malienne peut se transposer en Guinée, est-ce que cette armée peut prendre ses responsabilités et mettre un terme au pouvoir du président Alpha Condé ?

Abdoul Gadiri : Dans le contexte actuel, je doute fort qu'on puisse avoir une armée républicaine qui puisse avoir un sursaut national, mais ce que je peux peut-être avancer de manière hasardeuse, c'est le fait que quand les caciques du pouvoir se rendront compte qu'ils ne contrôlent plus la situation, qu'ils fassent encore que ce soit les gens de leurs clans figurant dans l'armée que c'est à ceux-là qui prennent le relais.