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COP27 en Egypte: les Etats doivent "coopérer ou périr"

Srinivas Mazumdaru
7 novembre 2022

A Charm-el-Cheikh, la COP27 se penche sur l'aide aux pays vulnérables face aux "pertes et dommages" dûs aux catastrophes naturelles liées au changement climatique.

Antonio Guterres se tient devant un pupitre et tient un discours
Pour Antonio Guterres, "l'humanité a le choix : coopérer ou périr" Image : Gehad Hamdy/dpa/picture alliance

Hajani est une habitante de Mirpur, au Pakistan. Sa localité a été touchée au mois d’août par de graves inondations. Elle a perdu sa maison dans les innondations et confesse : "Je n'ai jamais vu autant d'eau de ma vie". Des pans entiers de Mirpur ont été rayés de la carte, emportés par les eaux.

Trois mois plus tard, le nombre de morts est estimé à 1700 personnes. Les dégâts matériels sont énormes. Et toute l’eau n’est pas encore partie. Le Pakistan estime à 50 milliards d’euros les fonds nécessaires à la reconstruction.

La délégation pakistanaise va donc plaider à la COP27, en Egypte, pour que les pays les plus riches aident les pays les plus pauvres à faire face à ces "pertes et dommages" qui vont croissants à cause de phénomènes climatiques amplifiés : les inondations, les sécheresses, les tempêtes.

Les inondations au Pakistan ont coûté la vie à environ 1700 personnesImage : Akhtar Soomro/REUTERS

"Solidarité ou suicide collectif"

Antonio Guterres, le Secrétaire général de l’Onu, n’y est d’ailleurs pas allé par quatre chemins dans son discours d’ouverture de la conférence : "Les deux plus grandes économies, les États-Unis et la Chine, ont la responsabilité particulière d'unir leurs efforts pour faire de ce pacte une réalité. C'est notre seul espoir d'atteindre nos objectifs climatiques".

Selon le n°1 des Nations unies, l'humanité doit choisir entre "coopérer ou périr", c'est-à-dire entre "un pacte de solidarité climatique" et "un pacte de suicide collectif."

Antonio Guterres suggère de créer un mécanisme qui puisse alléger la dette des pays touchés par les catastrophes naturelles quand ils n'ont pas les moyens de faire face aux dommages.
Selon lui, il pourrait s'agir d'"un mécanisme d'échange de la dette contre des investissements dans la réhabilitation".
Antonio Guterres propose aussi que le Pakistan puisse avoir accès à des prêts à taux réduits ou à taux nul de la part des institutions internationales comme la Banque mondiale ou le FMI.

Les exigences des Etats africains

En Afrique, des voix exigeantes se sont élevées pour indexer les pays développés. Elles réclament des actions concrètes.

Macky Sall, président en exercice de l'Union africaine, rappelle que l'Afrique "contribue à moins de 4 % des émissions en termes de gaz à effet de serre"  mais qu'elle "est engagée dans un développement neutre à faible émission de carbone, et résilient au changement climatique avec un objectif d'horizon raisonnable pour une neutralité carbone."

Le chef d'Etat sénégalais déplore que "[...] selon le Centre mondial (sur l'adaptation), les financements cumulés pour l'adaptation anticipée avant 2030 représenteront malheureusement moins d'un quart des besoins estimés de l'Afrique".

Macky Sall veut voir en Charm-el-Cheikh, "pour les pays développés comme pour les pays en développement, [...] une occasion d'écrire l'histoire [...] en assumant et en honorant les engagements, notamment les 100 milliards de dollars destinés à soutenir les efforts d'adaptation des pays en développement."

Un transfert de savoir nécessaire

Quant Hyacinthe Niyitegeka, coordinateur de The Loss and damage collaboration, il estime que l’aide demandée aux grandes puissances est minime.

Beaucoup estiment que l’Afrique n’aurait besoin que de peu d'argent sur les milliards que gagnent les pays développés grâce à leurs entreprises et à leurs projets qui émettent beaucoup de gaz à effet de serre. 

Les pays en voie de développement réclament des actions concrètes aux pays richesImage : Mohammed Salem/REUTERS

D’autres voix comme celle de Richard Maloya, directeur exécutif de l'initiative pour l'action climatique et le développement réclament des actions concrètes.

Il s’agit par exemple d'aborder "les questions questions relatives à la meilleure façon dont les pays développés peuvent garantir ou s'assurer que la technologie, la recherche ainsi que le transfert de compétences sont transmis aux scientifiques africains ainsi qu'aux gouvernements africains et aux organisations africaines qui travaillent dans le secteur du climat."

Richard Maloya voit en la technologie et la recherche un moyen optimal d'aider les pays sous-développés et en voie de développement à survivre face au changement climatique.

L'augmentation des dégâts climatiques cause un endettement croissant des pays en développement. De ce fait, l'accès aux marchés financiers est plus difficile.