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COP27 : un bilan décevant

21 novembre 2022

L'Allemagne est déçue de la COP27 en Egypte: un accord a minima sur les "pertes et dommages" pour les pays vulnérables, mais pas de nouveaux engagements sur les énergies fossiles ni de contraintes pour les Etats-parties.

COP27: une main sur laquelle est inscrite "PAY", devant une représentation de la planète Terre
Les pays riches acceptent d'alimenter un fonds pour les pays pauvres plus vulnérables aux conséquences du changement climatiqueImage : Peter Dejong/AP/picture alliance

La COP27 s'est refermée plus tard que prévu, hier matin [20.11.22], dans la station balnéaire égyptienne de Charm-el-Chiekh. Les participants ont eu du mal à se mettre d'accord sur le texte final. Celui-ci promet l'établissement d'un fonds à destination des pays pauvres pour les aider à financer les "pertes et dommages" dus au changement climatique. Maisles conclusions finales de la conférence onusienne ne fixent pas de nouveaux objectifs contraignants en matière d'émission de gaz polluants aux Etats-parties.

Sameh Shoukry, président de la COP et ministre des Affaires étrangères de l'Egypte, est satisfaitImage : Christophe Gateau/dpa/picture alliance

Mission accomplie ?

"Cela n'a pas été facile, mais nous avons rempli notre mission". Cette satisfaction est celle du président de la COP27, le chef de la diplomatie égyptienne.

Parmi les points positifs de la conférence, il y a la prise en compte des pays les plus vulnérables : les Etats les plus riches s'engagent à les aider à financer les "pertes et dommages" subis dans les catastrophes dues au changement climatique. 

Les pays les plus pauvres sont souvent les plus exposés aux catastrophes – ou à l'érosion côtière par exemple – alors qu'ils ne figurent pas parmi les plus pollueurs de la planète. 

L'Afrique du Sud estime qu'une "action urgente supplémentaire" est nécessaire.

La montée des eaux des océans est l'une des conséquences catastrophiques du changement climatiqueImage : Mario Tama/Getty Images

Emissions de gaz à effet de serre et températures

De nombreux compromis ont dû être négociés à la COP27 qui aboutissent pour certains à des appels vagues comme celui à la réduction "rapide" des émissions de gaz à effet de serre, mais sans calendrier précis, ni contrôle, ni contraintes. 

Le secrétaire général de l'Onu lui-même, Antonio Guterres, estime que la COP n'a "pas répondu" à cette question pourtant cruciale afin d'abaisser la température moyenne mondiale. 

Si l'objectif de limiter le réchauffement à 1,5°C par rapport à l'ère préindustrielle a été réaffirmé en Egypte, les engagements concrets des Etats-membres n'ont, eux, pas changé. Or, actuellement, ils ne permettent même pas de contenir la hausse de la température à un niveau de 2°C. Et +2°C aurait déjà des effets catastrophiques.

Conre le changement climatique, le Niger veut plus que des conférences

05:26

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Réactions du gouvernement fédéral

La Chine reproche aux pays industriels occidentaux les résultats peu satisfaisants de la COP27. Pékin rappelle que les pays riches n'ont toujours pas rempli leur engagement de verser chaque année 100 milliards de dollars d'aide aux pays les plus vulnérables. 

L'Allemagne, elle, estime que la Chine, le second plus gros émetteur de gaz carbonique au monde après les Etats-Unis, devrait participer également au financement de la lutte contre le réchauffement climatique.

La ministre allemande au Développement, Svenja Schulze (SPD), estime que la participation allemande au fonds onusien est "juste".

Son homologue de l'Environnement, l'écologiste Steffi Lemke, souligne que la crise du climat, celle de la pollution et celle des espèces en voie de disparition sont liées et ne pourront être réglées qu'ensemble. 

Elle pense que le message est passé en Egypte et que c'est un signe positif avant la prochaine conférence mondiale sur la nature, en décembre, à Montréal.

La cheffe de la diplomatie allemande souligne, elle, un manquement de la conférence : la sortie des énergies fossiles. Celle-ci a été " éludée", selon la ministre Annalena Baerbock (Verts) qui n'a pas caché sa déception à l'issue de la conférence. 

Le ministre du Climat, l'écologiste Robert Habeck, espère que les décisions de la COP27 se commueront en "projets concrets" à l'image de certains accords passés en bilatéral ou multilatéral, en marge de la conférence, par exemple celui passé entre l'Allemagne, la France, le Portugal et le Maroc sur le raccordement par câble terrestre de leurs réseaux électriques qui pourraient permettre à de nombreux Nord-Africains d'être approvisionnés en électricité.

Les militants écologistes sont déçus par le manque d'engagements contraignantsImage : Christophe Gateau(dpa/picture alliance

ONG, patronat, CDU

Dans l'opposition, le conservateur Thomas Heilmann (CDU) parle quant à lui de la COP27 comme d'une "occasion manquée".

Le patronat allemand (BDI) estime que les entreprises seront une partie de la solution. Et il souhaite que "de nombreux Etats" réduisent leurs émissions d'ici à la prochaine COP, en 2024.

Même désappointement du côté des organisations de défense de l'environnement et de lutte contre la faim comme Brot für die Welt (ONG protestante) ou Action contre la Faim Allemagne qui saluent, certes, la mise en place notamment du Fonds d'adaptation qui va soutenir l'accès à l'eau dans une centaine de villes africaines.

Mais selon l'ONG, les décisions de la COP27 restent très en-deçà de l'énorme défi qui se présente "pour assurer la sécurité alimentaire des générations actuelles et à venir", alors que "plus de 828 millions de personnes" souffrent déjà de la faim dans le monde.  

L'ONG catholique Misereor fustige le "lobby de l'industrie fossile" et appelle à ce que les fonds qui l'alimenteront soient des "cadeaux" et non des "crédits" aux Etats pauvres comme jusqu'à présent.

Le climatologue allemand Ottmar Edenhofer, cité par l'agence dpa, estime qu'un "échec a été évité" mais que la conférence de Charm-el-Cheikh ne représente qu'une avancée "très, très modeste" pour le climat.

De son côté, Emmanuel Macron veut organiser en France, en 2023, une conférence sur un "pacte financier" à passer avec les pays les plus vulnérables face au changement climatique. 

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