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Côte d’Ivoire : 25.000 familles menacées d’expropriation

2 juin 2022

L’opération d’expropriation des zones à risque débute le 5 juin. Reportage dans un quartier où les habitants doivent être délogés.

L'eau de pluie inonde une rue dans la commune de Koumassi, à Abidjan, le 22 juin 2015
L'eau de pluie inonde une rue dans la commune de Koumassi, à Abidjan, le 22 juin 2015Image : AFP/S. Kambou

Le jour se lève sur le quartier Colombie dans la commune de Cocody, à quelques encablures du zoo d’Abidjan. Le long de la route, des commerces et une gare de taxis se côtoient.

Non loin de là, un grand caniveau à ciel ouvert est destiné au ruissellement des eaux pluviales. C’est à quelques mètres de cette canalisation qu’est installé Francis, un jeune tapissier qui a déjà été délogé l’année dernière de ce site.

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"Ils ont tout cassé"

"On a été une première fois victime d’une opération de déguerpissement", explique sur la DW Francis.  

Il poursuit : "Ils ont tout cassé et ils sont partis sans nous dédommager. Quelque temps après, sans solution, nous sommes revenus nous installer sur le même site. Présentement mes enfants vont à l’école. Ils vont encore casser le coin et je ne sais pas où ils vont aller."

A une cinquantaine de mètres de la gare de taxis, plusieurs baraques recouvertes de bâches noires se dressent sur le flanc d’une colline. Ce quartier est considéré risqué par les autorités.

"C’est la pauvreté qui nous a emmenés ici" (Une habitante)

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Ici, aucune hygiène et de fortes odeurs polluent l’air. Certains habitants sont déjà partis, laissant derrière eux des cabanes décoiffées.

Jean Claude Diakité est l’un des habitants de ce site, il est toujours là et ne sait pas encore où aller :

"Actuellement, pour éviter que les machines ne viennent nous surprendre pour tout casser, on a été obligé d’envoyer les bagages chez des frères. Certains ont eu de l’argent pour aller prendre une autre maison. D’autres sont rentrés en famille. Donc ça fait que le coin est devenu vide comme ça."

Demandes de relogement

Non loin de là, Mireille Bla, une jeune dame célibataire, mère de trois enfants, hésite encore à quitte le quartier.

Elle affirme à la DW que "C’est une zone à risque. En fait j’ai trois enfants, je ne sais pas où aller avec eux. S’ils vont trouver un coin pour que je parte avec mes enfants, il n’y a pas de problème"

Les familles dans ce quartier sont disloquées. En attendant de trouver les moyens de se reloger ailleurs avec sa famille, Hamed Koné, un jeune chauffeur aujourd’hui sans emploi, a choisi de mettre sa femme et ses enfants à l’abri.

"C’est vraiment compliqué. Je suis obligé de prendre mes enfants pour les envoyer à Abobo chez ma grande sœur. Mes enfants, chaque matin, je vais les chercher à Abobo pour les conduire jusqu’ici à Colombie, afin qu’ils aillent à l’école", dit-il à la DW. 

La date de cette opération de déguerpissement avait d’abord été fixée au 8 mai dernier mais elle a été finalement repoussée et les pouvoirs publics ont décidé de passer à l’action le 5 juin.

En attendant cette date butoir, Theresa Mukeke, une autre habitante de Colombie, demande de l’aide : 

"Je demande aux autorités de nous donner au moins un peu d’argent, on va aller chercher une maison ailleurs pour pouvoir habiter dedans. Mais c’est la pauvreté qui nous a emmenés ici. On n’a pas le choix." 

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54 zones sont concernées par cette opération de déguerpissement. 4.000 ménages, soit 25.000 personnes, devraient être obligés de quitter leur logement.  

En 2018, la saison des pluies avait causé la mort de 20 personnes sur l'ensemble du territoire national, dont 18 à Abidjan.

Mais si aucune solution durable n’est trouvée, les mêmes populations sommées aujourd’hui de partir reviendront dans leur ancien quartier une fois les pluies terminées.