Côte d’Ivoire-Burkina Faso : des relations toujours tendues
30 septembre 2025
Depuis l’arrivée au pouvoir du capitaine Ibrahim Traoré, en septembre 2022, les relations n’ont cessé de se dégrader entre le Burkina Fasoet la Côte d’Ivoire.
Ouagadougou accuse en effet régulièrement son voisin de déstabilisation, ce que réfutent les autorités ivoiriennes.
Et ce dimanche, lors d’un entretien télévisé, le capitaine Ibrahim Traoré a confirmé l’arrestation, fin août, de six fonctionnaires ivoiriens travaillant pour une structure d’aide aux réfugiés, assurant qu’ils avaient « franchi la frontière » de son pays.
"Chaque fois que quelqu’un franchit la frontière, mène des actions… ça, c’est de l’espionnage", a notamment déclaré le chef de la transition burkinabè.
Le capitaine Ibrahim Traoré a rappelé qu’avant ces fonctionnaires, des gendarmes ivoiriens qui avaient "franchi la frontière", en septembre 2023 et juin 2025, avaient été arrêtés, puis libérés.
Côté ivoirien, on dément ces accusations de déstabilisation, en rappelant que Ouagadougou n’a, jusque-là, apporté aucune preuve pour étayer ses accusations.
La Côte d'Ivoire rejette ces accusations
Mi-septembre, le porte-parole du gouvernement ivoirien a assuré que la Côte d'Ivoire était en discussion avec Ouagadougou pour que les six fonctionnaires "puissent rejoindre leur famille dans les meilleurs délais." Amadou Coulibaly :
"Nous continuons de discuter avec les autorités (burkinabè). Nous sommes discrets sur ces questions, jusqu'à ce que nous obtenions des résultats. Ce sont des discussions qui ne sont pas faciles. Il faut rester prudent. La négociation est peut-être un chemin long, mais qui permet d'obtenir les meilleurs résultats sans dégâts collatéraux. Ce n'est pas la première fois que nous nous trouvons confrontés à ce genre de situation, mais à chaque fois, c'est la sagesse qui a prévalu."
Le capitaine Ibrahim Traoré a toutefois indiqué, ce dimanche, qu’il n’avait connaissance d’aucune initiative dans ce sens :
"On n'a rien reçu comme approche, ou quoi que ce soit. Nous aussi, on avait privilégié la voie du dialogue et on espérait aussi qu'ils libèrent nos civils innocents. Personne ne nous a approché."
Frontière poreuse
La frontière entre les deux pays, longue de près de 600 kilomètres, est un espace mal délimité et souvent traversé, volontairement ou non, par des civils, des fonctionnaires ou des forces de l’ordre. Ce qui explique la multiplication des incidents à cet endroit.
Autre fait qui a contribué à tendre les relations entre les deux pays : la mort, en juillet, de l’influenceur burkinabè Alain Christophe Traoré, alias Alino Faso.
Détenu depuis janvier 2025 à l’École de gendarmerie d’Abidjan et soupçonné d"'intelligence avec des agents d’un État étranger", son corps sans vie a été retrouvé dans sa cellule. La justice ivoirienne avait parlé de suicide. Une thèse qui n’a pas convaincu Ouagadougou.
Le gouvernement ivoirien estime n'avoir aucun problème avec le pouvoir en place à Ouagadougou et rappelle également que le pays accueille quelque 70 000 Burkinabè demandeurs d’asile qui ont fui les violences des groupes djihadistes ou de l’armée.
La Côte d’Ivoire accueille officiellement au moins 6,5 millions d’étrangers et la moitié d’entre eux sont burkinabè.