1. Aller au contenu
  2. Aller au menu principal
  3. Voir les autres sites DW

La double nationalité, un frein vers la présidence

7 mai 2025

Tidjane Thiam, candidat du PDCI, a été radié de la liste électorale après qu'un tribunal a estimé qu'il avait perdu sa nationalité ivoirienne au moment de son inscription en 2022.

Tidjane Thiam, ancien dirigeant du Crédit Suisse.
Tidjane Thiam ne pourra pas se présenter à l'élection présidentielle en Côte d'Ivoire pour n'avoir pas renoncé à temps à sa nationalité française.Image : Javier Rojas/ZUMA Press/IMAGO

L'acquisition de la double nationalité présente d'importants avantages tels que la liberté de voyager et de travailler dans deux pays différents. Il y a aussi l'accès aux avantages sociaux et économiques dans chacun des deux pays ainsi que la possibilité de participer à la vie politique des Etats dont on détient les nationalités. C'est souvent en revanche ce dernier point qui fait l'objet de controverses majeures, car de nombreuses législations exigent par exemple qu'un candidat à la présidence ne dispose que d'une seule nationalité. 

Cette disposition a empêché au Sénégal, Karim Wade , fils de l'ex-président Abdoulaye Wade, de se présenter à la magistrature suprême. En Guinée, Alpha Condé avait été contraint de renoncer à sa nationalité française pour briguer le fauteuil présidentiel.

Aujourd'hui, Tidjane Thiam est confronté au même problème. L'ancien ministre ivoirien et ancien banquier international a tardivement renoncé à sa nationalité française avant de s’inscrire sur la liste électorale en vue de se porter candidat à la présidence ivoirienne. 

Landry Kuyo estime qu'il faut que la loi reste impersonnelle.Image : Hermann Djédjé

Landry  Kuyo, analyste politique ivoirien, estime qu'au-delà du cas Tidjane Thiam, il est indispensable d'analyser le sujet de la binationalité qui touche une frange importante de la population ivoirienne. 

"Notre pays est un pays d'immenses passages, et le brassage sera d'autant plus important étant donné que ce pays-là est un pays de grande attractivité. Depuis une trentaine d'années, la diaspora ivoirienne a commencé à s'agrandir de plus en plus abondamment des Ivoiriens pour des questions académiques ou des questions professionnelles ou de vie, car on décide d'aller vivre ailleurs et pour pouvoir y vivre. Et réussir, mais sans jamais perdre le contact pied avec leur pays. Ces personnes-là, pour des raisons qui leur sont propres ou stratégiquement, acquièrent la nationalité de ces autres pays-là, les pays d'accueil. Mais ils sont tout aussi utiles à notre pays, ici en Côte d'Ivoire. N'est-il pas temps pour nous de pouvoir regarder la loi de 61 droit dans les yeux afin de pouvoir l'adapter à la réalité de notre pays pour ce qui sera demain ? Étant donné que cette loi doit pouvoir s'appliquer de manière conforme et uniforme, quel que soit le domaine d'activité."

L'ex-président Laurent Gbagbo a été retiré de la liste en raison d'une condamnation par la justice ivoirienne.Image : SIA KAMBOU/AFP

Bataille politique accrue

Pour le juriste nigérien Me Kadri Oumarou, la question de la double nationalité se pose surtout lorsqu'il s’agit de briguer la plus haute fonction de la République, la présidence. Mais il reconnait également des règlements de compte purement politique. 

"Dans une situation normale, personne ne s'intéresse à votre double nationalité. Mais lorsque vous décidez de diriger un État où il est question quand même d'être le premier responsable de l'État, les gens essaient de regarder de plus près. Et puis vous avez également des opposants politiques qui peuvent poser des problèmes juridiques et quand ça va devant les juridictions, elles sont obligées de regarder l'état du dispositif concernant la nationalité pour rendre leurs décisions. Donc souvent, les gens sont surpris des dispositions contradictoires qui sont contenues."

La problématique de la binationalité touche aussi des joueurs de football, mais qui, contrairement aux hommes politiques, en tirent plutôt profit. Un nombre croissant de joueurs binationaux choisissent de représenter une nation africaine plutôt qu’une nation européenne. 

Les joueurs binationaux sont eux courtisés par leurs pays d'origne.Image : Christian Thompson/MAtrix Images/IMAGO

Ce phénomène touche aujourd’hui des jeunes joueurs talentueux qui n’hésitent plus à faire ce choix. On citera des cas de Didier Drogba, d'Abdoul Diallo du Sénégal et de Sehrou Guirassy de Guinée. 

C'est le même constat dans le domaine de l'entrepreneuriat. De plus en plus de managers d'origine africaine reviennent sur le continent pour investir et attirer des partenaires économiques. 

Bob Barry Journaliste, présentateur et reporter au programme francophone de la Deutsche Welle@papegent
Passer la section Sur le même thème