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Le putschiste burkinabè voulait l'aide de la Russie

27 janvier 2022

Le meneur du coup d'Etat au Burkina aurait tenté de convaincre le président déchu de demander une aide à la Russie. C'est ce que révèle le journal en ligne américain The Daily Beast.

Le chef des putschistes burkinabè Paul-Henri Sandaogo Damiba aurait souhaité l'aide de la Russie, selon l'article du Daily Beast.
Le chef des putschistes burkinabè Paul-Henri Sandaogo Damiba aurait souhaité l'aide de la Russie, selon l'article du Daily Beast. Image : Sophie Garcia/AP Photo/picture alliance

Le meneur du coup d'Etat au Burkina Faso a-t-il tenté, en vain, de persuader le président Roch Marc Christian de faire venir des mercenaires russes au Burkina avant de le renverser ? C'est en tous cas ce que révèle un article du journal en ligne américain The Daily Beast.

Réunion en janvier

Ce mois de janvier, Paul-Henri Sandaogo Damiba, avait participé à une réunion sur la situation sécuritaire organisée par le président Roch Marc Christian Kaboré et selon les informations du site d'information Daily Beast, celui-ci lui aurait demandé au président de faire intervenir le groupe Wagner pour aider l'armée à maîtriser la situation. 

Toujours selon le Daily Beast, "le président Kaboré aurait rapidement rejeté l'idée et a même rappelé à Damiba que les gouvernements européens venaient de condamner le déploiement de ces paramilitaires russes qualifiés de mercenaires au Mali".

La société paramilitaire russe Wagner a été identifiée pour la première fois en 2014, combattant aux côtés de séparatistes pro-russes dans le conflit dans l'est de l'Ukraine. Elle a depuis été identifiée en Afrique, notamment en Centrafrique, au Mozambique, au Mali, et bien sûr aussi en Libye.

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Image : imageBROKER/Siegra Asmoel/imago images

La présence de Wagner en Centrafrique et au Mali est indéniable selon des observateurs, même si les gouvernements malien et centrafricain préfèrent parler d'instructeurs à la place de mercenaires. "Le Mali n'était que la partie visible de l'iceberg. Le groupe Wagner existait déjà et on savait qu'il était très actif en Centrafrique”, explique Christine Holzbauer, spécialiste des questions russo-africaines.  

Les putschistes burkinabè sont-ils donc soutenus par la Russie ou la Russie chercherait-elle à les récupérer ? Difficile à répondre pour l'instant mais les déclarations de certaines personnalités russes proches du président Vladimir Poutine pourraient confirmer la thèse d'une opération d'envergure. 

Des proches de Poutine saluent le coup d'Etat

L'homme d'affaires russe Evguéni Prigojine, proche du président russe et considéré comme celui qui finance le groupe de mercenaires Wagner, a ainsi salué le putsch au Burkina Faso comme le signe d'une "nouvelle ère de décolonisation en Afrique".

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Alexandre Ivanov, qui se présente comme le président de la Communauté des officiers pour la sécurité internationale (Cosi), "l'organisme sous l'égide duquel interviennent les instructeurs russes en RCA" -qui pourrait être un faux nom sous lequel se dissimule Wagner-, a lui aussi loué les putschistes de Ouagadougou. Dans un communiqué publié sur Twitter, il a estimé que la France n'avait obtenu "aucun succès" dans la lutte antiterroriste dans la région. 

Pour le politologue burkinabè Médard Kiénou, "il faut situer ces déclarations et sortie dans le cadre des rivalités entre la Russie et les occidentaux”.

Mais est-ce que le groupe Wagner pourrait représenter une solution plus efficace ? Au Mozambique, le groupe a connu une courte et désastreuse campagne, d'août à décembre 2019, contre les djihadistes : les paramilitaire russes ont dû se retirer après avoir subi de lourdes pertes. 

Le retour de la Russie sur le continent

Faustin Archange Touadera et Vladimir Poutin Poutin à Sotchi en 2019Image : Sergei Chirikov/AP Photo/picture alliance

Moscou chercherait ainsi à retrouver son influence qu'elle a perdue en Afrique dans les années 1990, et c'est ce que certains appellent le grand retour de la Russie en Afrique.  Le ton avait été donné à Sotchi lors du sommet russo-africain, en octobre 2019, où Vladimir Poutine avait réussi à réunir plusieurs chefs d'Etats africains, rappelle Christine Holzbauer : "à Sotchi c'était un jeu d'armes. Il y a eu beaucoup de discussions quand les chefs d'Etat étaient venus à Sotchi mais on n'a pas vu de grandes choses en suite.”

Le fait aujourd'hui est que les autorités de Moscou veulent étendre leur influence en Afrique en se présentant comme une alternative à la France ou aux Etats-Unis dans la lutte contre les groupes djihadistes, ou contre les bandes armées rebelles. C'était déjà le cas en Libye, au Mozambique, au Soudan et en Centrafrique. C'est maintenant le tour du Mali, en attendant de voir si le Burkina Faso sera le prochain sur la liste.

 

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