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Comment mettre fin aux coups d'Etat en Afrique ?

12 octobre 2021

De 1952 à 2021, le continent a enregistré 154 coups d'État. Entretien avec le professeur David Zounmenou.

En Guinée, l'ancien président Alpha Condé a été poussé vers la sortie par un coup d'Etat
Image : Getty Images/AFP/J. Wessels

Pour le Professeur David Zounmenou, chercheur principal à l’Institut d’études de sécurité, il est impératif de continuer à  promouvoir la démocratisation comme un facteur qui peut rendre efficace le fonctionnement des institutions sur le continent.  

“Il faudrait que l’on comprenne que la Constitution est sacréé et qu'un individu ne saurait la modifier” (Dr. David Zounménou)

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Est-ce que de 1952 à aujourd’hui, en matière de coup d’Etat, vous pouvez dire qu’il eu une continuité dans le mode opératoire ? Est-ce que les pouvoir qui arrivent via les coups d’Etat sont de plus en plus féroces et quelles sont les différences qu’on a pu observer à travers le temps ?

David Zounménou : Les coups d'Etat qu'on a observés depuis 1952 jusqu'aux années 90 sont la plupart du temps des coups d'État que j’appelle des coups d'État sauvages. Ils sont sponsorisés par des partenaires extérieurs qui ont placé au pouvoir des hommes ou des entités qu'ils peuvent contrôler. J’ai en tête tous les changements de régime qu’il y a eu en République centrafricaine par exemple, et qui continuent de maintenir ce pays dans l'instabilité chronique. Après, dans les années 2000, on va avoir des coups d'État de restauration de la démocratie ou en tout cas ce qui apparaît comme un coup d'État de restauration de la démocratie, où les nouveaux démocrates essaient simplement de minimiser ou de réduire ou d'affaiblir les institutions de l'Etat, de tripatouiller la Constitution ou de refuser de partir ou de quitter le pouvoir après les échéances électorales. Et dans ce contexte, les coups d'État interviennent pour remettre le pays sur la ligne droite.

Vous avez également mentionné que dans la plupart de ces pays, où l’on observe ces coups d'État, il y a un problème au niveau même des fondements démocratiques.

David Zounménou : je pense qu’il ne suffit pas d'avoir des élections et d'avoir un gouvernement issu de ces élections. Il faudrait qu'on travaille davantage à consolider les normes, c'est-à-dire la Constitution. Il faudrait que l’on comprenne que ce document est sacré et qu'un individu ou un groupe d'individus ne saurait la modifier sans avoir l'assentiment ou le consensus de la majorité des citoyens.

Vous avez parlé du manque de synergies dans la manière d'aborder les choses. Comment pourrait-on créer des synergies ? Est ce qu’il faut réinventer des structures, comme par exemple l'Union africaine ?

David Zounménou : Il y a deux niveaux d'intervention pour créer cette synergie. Le premier niveau, c'est l'adéquation entre la norme régionale et les normes nationales. Il faut que les États comprennent qu’en adhérant à l'institution, ils ont l'obligation de mettre en œuvre les normes et d'assumer les responsabilités qui découlent de cette adhésion.

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