Des écoles toujours fermées après une attaque des ADF en RDC
17 octobre 2025
L’attaque des rebelles ADF dans la nuit du 8 au 9 septembre 2025, à Ntoyo, dans le territoire de Lubero avait couté la vie à 71 personnes, dont quatre enseignants, selon le gouvernement congolais. Les rebelles ADF semblent, pour leur part, étendre leurs actions dans la province voisine de la Tshopo.
Depuis lors, de nombreux établissements scolaires ont dû fermer en raison de l’insécurité. Les autorités locales multiplient les appels à la reprise des cours, mais, sur place, les établissements scolaires peinent à rouvrir leurs portes.
Ce qui fait peur aux enseignants, c’est le mode opératoire des rebelles. Ceux-ci conduisent désormais des attaques contre des rassemblements, comme ce fut le cas lors de la dernière attaque à Ntoyo, où les ADF ont surpris des habitants dans une veillée mortuaire.
Philémon Kitumbu est le porte-parole des enseignants et il n’exclut pas un assaut des rebelles contre des écoles.
"Vu le mode opératoire actuel de l’ennemi qui vise les attroupements, craignant pour notre sécurité et celle des élèves, nous avons décidé que les parents doivent garder leurs enfants à la maison, jusqu’à nouvel ordre."
Intensification des offensives de l’armée
Les cours ont été suspendus dans les localités de Ntoyo, Njiapanda et Mangurejipa, depuis le 9 septembre, au lendemain de l’attaque de Ntoyo. Depuis lors, de nombreuses écoles primaires et secondaires ont fermé leurs portes.
Les unités conjointes de l’armée congolaise et de l’armée ougandaise ont intensifié leurs offensives contre le mouvement islamiste ADF, mais une nouvelle attaque des rebelles a encore fait six morts, dans la même zone, le 23 septembre dernier.
César Kasamukulu est responsable d’une école primaire à Njiapanda et il regrette que de nombreux enfants n’aient plus accès à l’éducation.
"De nombreux parents passent retirer les dossiers scolaires de leurs enfants pour qu’ils aillent étudier ailleurs, comme à Butembo par exemple", regrette le responsable d’établissement.
Il dit avoir reçu "plus de 20 parents, tous disent craindre pour la sécurité de leurs enfants. Malheureusement, les enfants qui restent sur place sont en danger".
Retour timide dans certaines écoles
Les autorités locales encouragent toutefois les enseignants et les responsables d’écoles à reprendre les cours. Des sources sur place témoignent d’un retour timide des élèves dans certaines écoles, ce lundi 29 septembre.
Mais la société civile locale plaide pour le rétablissement de la sécurité, afin de sauver l'éducation des enfants et de lutter contre la déperdition scolaire.
Samuel Kagheni, membre de la société civile locale, fait remarquer que "l’éducation doit se passer dans un climat serein, un climat de paix. C’est pourquoi il faut que la paix règne et que l’éducation prenne sa place".
Depuis juin 2024, les rebelles ADF ont multiplié les massacres autour de la localité de Manguredjipa, une zone riche en minerais, située en territoire de Lubero, dans le Nord-Kivu.
Selon les renseignements de l'armée ougandaise déployée en RDC, un groupe des ADF serait déjà actif entre les provinces du Nord-Kivu et de la Tshopo. C’est à partir de la petite ville de Manguredjipa que les ADF auraient fait jonction avec la Tshopo.
Une incursion d’hommes armés identifiés comme étant des combattants des ADF a été signalée, la semaine dernière, dans les environs de la ville d’Opienge, dans la province de la Tshopo.
La rébellion opérait jusque-là dans le Nord-Kivu et en Ituri, mais, d'après le commandant de l’armée ougandaise en RDC, le but de la rébellion serait désormais de détourner l'attention des deux armées qui mènent, depuis 2021, des opérations militaires conjointes, visant à neutraliser ce mouvement affilié à l’Etat islamique depuis 2017.