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Crainte d’un cycle infernal de violence en Côte d’Ivoire

24 août 2020

Après les nouveaux affrontements du week-end, le président Alassane Ouattara lance un appel à la paix ce lundi. Certains alertent quant à des affrontements inter-ethniques armés avant la présidentielle.

Violences post-électorales en Côte d'Ivoire en décembre 2010
Violences post-électorales en Côte d'Ivoire en décembre 2010Image : picture alliance/dpa

C’est un appel à la paix qu’a lancé Alassane Ouattara ce lundi 24 août. Un appel lancé par le président sortant après le dépôt officiel de sa candidature, à la commission électorale, pour un l’élection du 31 octobre prochain. Avant cela, l’investiture de sa candidature pour ce troisième éventuel mandat contesté a conduit à de nouvelles violences le week-end dernier. Elles ont fait au moins deux morts à Divo, à 200 kms au nord-ouest d’Abidjan.

Gourdins et machettes

Ces affrontements du week-end semblent avoir passé un nouveau cap de violences. Des jeunes se sont affrontés parfois à coup de gourdins.

On lit aujourd’hui des appels à "sortir les machettes" sur les réseaux sociaux. "Je sens les choses dégénérées", s’inquiète Sylvain N’Guessan, analyste politique et directeur de l’institut de stratégie d’Abidjan. "Malheureusement il y a une confrontation ethnique avec, d’un côté, les Ivoiriens du Nord qui soutiennent la candidature d’Alassanne Ouattara, et de l’autre, ceux du Sud, dans l’opposition. On n’est pas loin à mon avis d’une guerre civile."

Circulation des armes

Des affrontements qui sont, pour beaucoup, la faute aux discours communautaires utilisés par certains politiques. Des discours pas nouveau, mais encore plus inquiétants aujourd’hui estime le sociologue, Rodrigue Koné qui prend pour exemple les crises de 2010 ou 2002.

Des combattants fidèles à Alassane Ouattara en 2011 Image : AP

"À l’époque, les camps en face à face étaient des entités militaro-politiques où, je dirais, se cachaient derrière des communautés. Mais là nous nous trouvons dans la situation où il y a une seule armée : le pouvoir qui a l’appareil d’Etat"
Lire aussi → Amnesty International accuse les forces de sécurité ivoiriennes
Rodrigue Koné explique qu’ainsi, aujourd’hui, beaucoup de communautés opposées n’ont plus de représentation sécuritaire ou militaire. "Le gros risque, c’est que, suite à la crise de 2010, ces communautés se soient préparées. Il n’y a pas eu de véritable désarmement après 2010, pas de réconciliation véritable. Donc la belligérance de 2010 continue mais cette fois-ci avec une dissémination des armes".

Dix morts en moins d’un mois

Depuis le début des contestations violentes, début août, au moins dix personnes sont mortes dans le pays. Mobilisé sur le terrain, Mahamadou Kouma, le coordinateur national de la Convention de la Société Civile Ivoirienne CSCI veut pourtant croire que la Cote d’Ivoire n’est pas dans une spirale infernale. "L’Ivoirien n’aime pas la violence et personne n’a envie de revivre ce qu’il s’est passé", assure-t-il.  
Mobilisés, avec les coordinateurs régionaux de CSCI sur le terrain, il était encore à la rencontre de certains jeunes et de population en région la semaine dernière. "Je pense que c’est un épiphénomène. On fait monter la tension mais ça va baisser".

Pour tenter d’amener les jeunes au dialogue, sans violences, lui et ses équipes sont en train d’analyser les discours des candidats, potentiels ou déclarés. "C’est la démocratie, il faut se battre sur les programmes et la rhétorique, pas dans la rue", insiste-t-il.
Mais beaucoup estiment qu’il en faudra plus encore pour ne pas que la Cote d’Ivoire replonge dans ses heures sombres. Ils en appellent surtout aux politiques de tous bords.

Quels que soient les candidats, il faut déjà et rapidement un dialogue et un accord de tous sur le déroulement du processus électoral, clair et rassurant pour la population. Le minimum pour éviter un nouveau chao pour le peuple. 

Précision sur la candidature Guillaume Soro

Certaines rumeurs parlaient d’un retrait de la candidature de Guillaume Soro ces derniers jours. "Il n’a été de notre intention de dire que le président Soro Guillaume n’est pas candidat à la  présidentielle", a dit, ce lundi, à la DW Affoussiata Bamba, son avocate. 

Vendredi les recours contestant les radiations des listes électorales de l’ancien président Laurent Gbagbo et l'ancien chef rebelle Guillaume Soro ont été rejetés par la Commission électorale indépendante (CEI), laissant donc planer le doute sur la possibilité d’une candidature pour tous les deux. 
 

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