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Crise à la frontière entre Pologne et Belarus

Sandrine Blanchard | Avec agences
10 novembre 2021

Des migrants tentent de rentrer dans l'Union européenne en passant par la Pologne, depuis le Belarus. Une crise humanitaire se profile, et la crise politique s'envenime.

Des centaines voire des milliers de personnes campent à la frontière entre la Pologne et le Belarus
Des centaines voire des milliers de personnes campent à la frontière entre la Pologne et le BelarusImage : Yuri Shamshur/Tass/dpa/picture alliance

La situation s’envenime à la frontière entre la Pologne et le Belarus. Ce matin [10.11.21], la police polonaise a indiqué avoir interpellé plus d’une cinquantaine de migrants qui ont traversé la frontière de manière illégale ces dernières 24 heures. Plus de 12.000 migrants, essentiellement originaires du Moyen-Orient, seraient en effet regroupés à la frontière biélorusse, dans l’attente d’un moment opportun pour entrer dans l’Union européenne, en passant par la Pologne. Cette estimation est celle des autorités polonaises.

Les réfugiés pris dans l'étau des politiques européennes

02:45

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La Pologne accuse la Biélorussie, qui serait soutenue par le Kremlin, d’instrumentaliser ces personnes pour faire pression sur l’Union européenne.

Crise humanitaire aux frontières de l'Europe

Le premier problème est celui de la crise humanitaire : des mères implorent de l'aide. De nombreux enfants figurent parmi les migrants qui attendent dans le froid, à la frontière entre la Pologne et le Bélarus. Ils manquent d'eau potable, de soins médicaux. 
Wanda Traczyk-Stawska, une ancienne résistante polonaise de 94 ans, s’en inquiète : "Nous n’avons pas le droit de laisser un enfant dans une telle situation de danger. Je trouve que la façon dont ces enfants sont traités à la frontière est une honte."

Instrumentalisation des migrants 

Deux courtes vidéos ont été postées par les autorités polonaises sur Twitter qui montrent un homme en uniforme, côté biélorusse, tirant un coup de feu en l’air pour forcer les migrants à passer la frontière. 

Le Premier ministre polonais y voit la main d'une politique "néo-impérialiste" de Moscou. Mateusz Morawiecki rencontrait ce mercredi Charles Michel, le président du Conseil européen, pour discuter des actions à mener, outre le renforcement des effectifs de police anti-émeute déjà déployés à la frontière. 

Charles Michel (à gauche) et Mateusz Morawiecki ce mercredi à VarsovieImage : Marcin Obara/PAP/dpa/picture alliance

Charles Michel condamne des "attaques hybrides" et réclame que la Commission prenne des mesures. Il indique discuter "du financement d’une infrastructure implantée à la frontière physique qui puisse être rapidement mise en place parce que les frontières polonaises et des Pays baltes sont celles de l’Union européenne" et conclut : "un pour tous et tous pour un !"

Parmi les migrants : de nombreuses familles aussiImage : Yuri Shamshur/Tass/dpa/picture alliance/

De passage à Berlin, la principale opposante biélorusse accrédite la thèse d’une instrumentalisation des migrants par le président Alexandre Lukachenko, en vue de protester contre les sanctions européennes. 
Svetlana Tikhanovskaya appelle à un changement de régime en Biélorussie. Selon elle, le président Lukachenko "utilise des personnes qui n’ont pas de valeur pour lui afin de faire pression sur l’Union européenne qui, elle, défend des valeurs comme les droits de l’Homme". Elle ajoute : "Il veut que l’UE abandonne et reconnaisse la légitimité de sa réélection [en 2020], qu’elle parle avec lui. Nous devons éviter cela."

A la frontière entre la Pologne et la Biélorussie, le 9 novembre 2021Image : Leonid Shcheglov/BELTA/AFP/Getty Images

Et la Russie dans tout ça ?

La Biélorussie rejette ces accusations et affirme que la Pologne et les Pays baltes procèdent au contraire à des expulsions illégales sur son territoire.
L'eurodéputé conservateur Manfred Weber a déclaré au micro de la DW n'avoir "aucun doute" sur le fait que Vladimir Poutine veuille "diviser l'Europe".
Angela Merkel s’est entretenue au téléphone avec Vladimir Poutine pour lui demander de faire pression sur le président biélorusse afin qu’il cesse "d’instrumentaliser les migrants".