Crise dans l'est de la RDC : où sont les intellectuels?
31 octobre 2025
Cela va faire plus de trente ans que l'est de la RDC est en proie à des conflits armés. Cette année, au mois de janvier, Goma et Bukavu, les chefs-lieux des provinces du Nord-Kivu et du Sud-Kivu, sont passés sous le contrôle des rebelles du M23.
Depuis, de nombreuses médiations ont été mises en place pour le retour de la paix : Washington, Doha, Luanda, Nairobi... Mais jusque-là, tout est signé sur le papier, mais sur le terrain, rien ne semble indiquer un retour de la paix.
C'est dans ce contexte que la fondation allemande Konrad Adenauer à Kinshasa a organisé un forum national sur la paix et le développement démocratique. A cette occasion, le rôle des intellectuels congolais face à cette crise a été questionné. Germain Kuna, recteur de l'université Kongo au Kongo central était parmis les intervenats de ce seminaire.
Ecoutez l'interview de la DW avec Germain Kuna, recteur de l'université Kongo.
DW: au regard de la crise que traverse actuellement le pays, quel devrait être selon vous le rôle et la place des intellectuels?
Germain Kuna : Il ne faudrait pas que les intellectuels se distinguent dans la subjectivité et dans la partialité au regard des intérêts en présence. De nombreux acteurs politiques, professeurs de formation ou de profession qui avaient des positions diamétralement opposées alors qu'ils combattaient l'ancien régime soutiennent ce qu’ils combattaient jadis. Cela relève de l'absence d'indépendance d'esprit et c’est ce que nous devons combattre. Pour ma part, je ne suis pas membre d'un parti politique et je ne le souhaite pas.
DW : Si les autorités vous approchaient en vous proposant un meilleur salaire et les avantages qui vont avec, pensez-vous que vous réagiriez différemment de tous ceux dont vous parliez précédemment ?
Germain Kuna : Oui, ça, je suis convaincu que je ne le ferai pas.
DW : nombreux sont ceux qui ont dit la même chose que vous et pourtant…
Germain Kuna : Il y a certains qui ont abdiqué ou qui ont renoncé à un positionnement. Ils sont nombreux.
DW : Que pensez-vous de toutes les initiatives actuelles de médiation (Doha, Washington) pour mettre fin à la crise dans l'est de la RDC ? Quel rôle et quelle place pour les intellectuels ? Et vous en particulier ?
Germain Kuna : Vous savez comme moi que la situation est au point mort. La vérité est très simple on n'avance pas. Nous allons formuler un ensemble de recommandations.
DW : les feuilles de route et les recommandations ce n'est pas ce qui manque en RDC…
Germain Kuna : La particularité de cette feuille de route, c'est qu’il y a une intelligence qui réfléchit sans parti pris. Ce sera ça la différence. C'est la plus grande.
DW : comment comptez-vous la mettre en application, en étant sûr que ce sera fait de manière optimale ?
Germain Kuna : Vous savez, on ne prend jamais tout et on ne prend jamais rien. Notre petite pierre de contribution, vraiment, avec modestie, c'est de remettre un document. Il ne nous revient pas de le faire appliquer.