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Débat autour du retour de Blaise Compaoré au Faso

Georges Ibrahim Tounkara
31 octobre 2019

Il y a cinq ans jour pour jour, Blaise Compaoré était chassé du pouvoir à la suite d’une insurrection populaire. Cinq ans après, des voix s’élèvent pour demander le retour au pays de l’ancien chef de l'Etat.

Burkina Faso 2014 Militärputsch - Graffiti contra Compaoré
Image : Getty Images/AFP/S. Kambou

Rien n'interdit le retour de Blaise Compaoré. La justice l'attend. (M. Sankara) - MP3-Stereo

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L'insurrection d'octobre 2014 et l'arrivée au pouvoir de Roch  Marc Christian Kaboré ont suscité d'énormes attentes chez les déçus de la gouvernance Compaoré. Mais cinq ans après, l'espoir a fait place à la désillusion, voire au désespoir : l'économie burkinabè a un taux de croissance correct mais le front social est en ébullition, la corruption serait omniprésente et l'insécurité règne dans le nord et le centre du pays.

De quoi rendre certains citoyens nostalgiques de l'époque Compaoré.  Mamadou Abdel Kader Traoré est le président du MPRBC, le Mouvement pour le retour de Blaise Compaoré : "Nous constatons une morosité économique depuis 2015. Le Burkina est aujourd'hui bloqué. Nous sommes pour la réconciliation, le retour de Blaise Compaoré dans des conditions apaisées. Ensemble, qu'on se donne la main pour bouter le terrorisme hors de nos frontières."

Un signe de malaise

Marcel Tankoano, du mouvement M21, un mouvement qui a joué un rôle prépondérant dans les évènements d'octobre 2014, ne voit aucun inconvénient au retour de l'ancien président, pourvu toutefois qu'il passe d'abord devant la justice. Le Burkina, dit-il, a besoin de tous ses fils pour faire face aux difficultés actuelles.

"Si des gens demandent le retour de Blaise Compaoré, cela veut dire que le régime actuel a échoué, les espoirs du peuple se sont estompés, sinon personne n'aurait pensé à un éventuel retour de Compaoré. La seule solution qui vaille aujourd'hui au Burkina pour fonctionner normalement est l'union de tous ses fils aussi bien à l'intérieur qu'à l'extérieur du pays, la réconciliation de tous ses fils, la cohésion nationale. Si notre pays n'est pas soudé, nous ne pourrons pas le défendre. Que tout le monde comprenne que pour sauver le Burkina, il faut l'unité nationale."

Le président Sankara a été tué par un commando le 15 octobre 1987, à 37 ans, lors du coup qui porta au pouvoir son compagnon d'armes, Blaise Compaoré.Image : Getty Images/AFP/A. Joe

Compaoré attendu devant la justice 

La veuve de Thomas Sankara n'est pas non plus opposée au retour de Blaise Compaoré. Mais selon elle, celui-ci doit répondre aux questions de la justice pour s'expliquer sur l'assassinat en 1987  de Thomas Sankara, le chef de la révolution de 1983 : 

"Rien n'interdit le retour de Blaise Compaoré. La justice l'attend. Un mandat d'arrêt international a été lancé contre lui et de nombreux citoyens attendent qu'il vienne devant la justice pour s'expliquer sur les crimes qui lui sont imputés. L'instruction se poursuit. Les archives ont été ouvertes en France. La réconciliation passe par la justice. J'espère qu'il y aura un jour un procès. J'attends de savoir ce qui s'est réellement passé le 15 octobre 1987 pour faire mon deuil."

Le CDP, le Congrès pour la démocratie et le progrès, l'ancien parti au pouvoir, attend lui aussi le retour de Blaise Compaoré. 

Depuis sa chute du pouvoir en octobre 2014, l'ancien président vit en exil en Côte d'Ivoire. Dans une lettre adressée au président Roch Marc Christian Kaboré en avril dernier, il s'est dit prêt à aider le gouvernement à endiguer l'insécurité au Burkina Faso.

Georges Ibrahim Tounkara Journaliste au programme francophone de la Deutsche Welle