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Débats et heurts sur la loi des parrainages au Sénégal

Mamadou Lamine Ba
19 avril 2018

Les députés examinaient ce jeudi une loi controversée imposant un parrainage pour les candidats à l'élection présidentielle. Débats musclés à l'assemblée et affrontements dans les rues de Dakar.

Senegal Dakar Parlament
Image : cc-by-saBernard bill5

Au Sénégal, les députés examinaient ce jeudi une loi controversée imposant un parrainage pour les candidats à l'élection présidentielle. Celle-ci est censée améliorer le système démocratique selon la majorité. Mais l'opposition y voit surtout un moyen d'écarter des adversaires politiques.

Dans l'hémicycle, l'examen de la loi a été musclé et à l'extérieur de l'Assemblée nationale, des heurts violents ont eu lieu entre manifestants et forces de l'ordre. La police a procédé à plusieurs interpellations, dont l'ancien Premier ministre Idrissa Seck et une autre figure de l'opposition, Malick Gakou.

Le vote de la Loi 13/18 était en cours ce jeudi. Les parlementaires l’ont déjà adoptée en commission le 16 avril 2018. Cette loi vise à filtrer le nombre de candidats aux différents types d’élections au Sénégal.

Niakhar Sow est conseillère territoriale. Elle approuve le texte : "Je trouve que c’est une bonne loi dans la mesure où aujourd’hui elle permet de rationaliser les candidats. Parce que nous sommes dans une phase très importante de notre démocratie et qu’aujourd’hui, il faut que chaque candidat soit parrainé par le peuple pour qu’il puisse se présenter à l’élection présidentielle."  

Intervention des forces de sécurité
La plénière a connu deux suspensions dans la journée à cause d'affrontements entre députés. A certains moments, il a fallu l’intervention des forces de sécurité pour calmer les choses. 


Maurice Ndione, professeur en sciences politiques, pense que loi a été proposée au mauvais moment en raison des récentes "élections législatives très discutées avec des dysfonctionnements graves qui ont ramené [le Sénégal] vingt ans en arrière". Dans cette situation, "où l’opposition et le pouvoir ne se parlent pas, [il]pense qu’il n’est pas judicieux de rajouter de la complexité et de la confusion dans les règles du jeu alors que le dialogue est rompu."

Pour certains députés, la loi vise à consacrer une plus grande justice entre candidats aux différents types d’élections.

Par ailleurs, elle associe les citoyens à l’investiture des candidats à toutes les élections. L'objectif est de normaliser le système politique et éviter des candidatures fantaisistes sans représentativité.

Image : REUTERS

Recul ou progrès démocratique?
Si elle est adoptée, tout candidat devra réunir 1% des électeurs inscrits pour postuler à une élection au Sénégal. 
L’opposition estime qu’elle constitue  un recul démocratique. Selon elle, cette législation vise à éliminer de nombreux candidats potentiels. 
Le système de parrainage n’est pas nouveau au Sénégal puisqu'il a déjà été pratiqué entre1963 et 1978. 
Certains opposants ont improvisé des manifestations à Dakar.

L'ancien Premier ministre Idrissa Seck et les opposants Malick Gackou et Thierno Bocoum ont été arrêtés. Des interpellations ont par ailleurs été réalisées dans plusieurs autres endroits du pays.