Décès de Paul Spiegel
2 mai 2006
Paul Spiegel a reçu un lourd héritage. On s’en est aperçu par la vitesse à laquelle a vieilli son visage encore frais en 2000, se souvient le quotidien Die Welt. Être chef des juifs vivant en Allemagne aujourd’hui, 60 ans après la chute de l’empire nazi, est toujours une tâche oppressante. Et cela malgré le fait qu’une écrasante majorité d’allemands condamne l’antisémitisme et tout préjugé contre les minorités. Spiegel, observe Die Welt, en tant que président du Conseil des juifs, ne combattait pas une xénophobie et un antisémitisme généralement ambiant, mais au contraire les nombreux cas particuliers rarement pris au sérieux par l’opinion publique.
Son prédécesseur Ignace Bubis lui avait laissé un énorme fauteuil rappelle la Frankfurter Allgemeine Zeitung, attestant à Paul Spiegel l’intelligence de ne pas s’y être assis mais d’avoir choisi lui-même son siège. Il ne voulait pas être la conscience de la nation qu’était devenu son aîné à la fin de son mandat. Le cadet a mis la barre moins haut. La volonté du journaliste de formation était simplement de bien défendre les intérêts des juifs d’Allemagne.
Une communauté mais deux cultures, titre la Süddeutsche Zeitung qui fait référence au conflit opposant l’ancienne génération des juifs allemands à celle des juifs russes immigrés. La présence accrue de ces derniers et l’avènement de courant libéraux a changer l’identité juive en Allemagne, constate le journal. Malgré le cruel destin qu’ils ont subi sous le joug allemand, la république fédérale est synonyme de renouveau pour les juifs soviétiques, qui sous l’oppression ont du oublier leur religion et leur tradition, au grand dam des traditionalistes. Le successeur de Paul Spiegel devra gérer une toute autre communauté, peu importe si elle poursuit la transformation ou s’y oppose.
En effet Paul Spiegel était l’homme de la transition, à une époque où les survivants de l’holocauste son morts, fait remarquer la Frankfurter Rundschau. Il a promu l’intégration des immigrants russes au sein de la communauté juive et travaillé à la reconnaissance de cette confession par l’état jusqu’à l’obtention d’une convention historique.
Paul Spiegel jouissait d’un grand respect aussi bien à l’intérieur qu’a l’extérieur de la communauté juive, parce qu’il a toujours cherché l’harmonie, analyse la Tageszeitung de Berlin. Que ce soit avec l’état, avec les juifs libéraux ou la majorité russophone au sein de la collectivité. Il émanait de lui chaleur et tranquillité, il n’était pas né sous le signe de la dispute et de l’autorité.