Dégâts pontificaux
4 février 2009Rarement une décision ecclésiastique n'aura provoqué autant de remous dans le monde de l'Eglise et dans celui de la politique, estime la Frankfurter Allgemeine Zeitung. Contrairement à d'autres prises de position du Vatican, les réactions sont cette fois pratiquement unanimes, qu'elles viennent des évêques ou des fidèles, des facultés, des intellectuels ou des dirigeants politiques – y compris de la chancelière allemande Angela Merkel. Le fait que Benoît XVI, un pape d'origine allemande, ait réintégré au sein de l'Eglise un évêque dont on sait qu'il nie l'Holocauste suscite une profonde indignation. Du point de vue du souverain pontife qui se doit de placer le salut des âmes au-dessus de tout le reste, l'un n'a probablement rien à voir avec l'autre. Et pourtant. La diplomatie et le dogme ne sont pas deux sphères complètement détachées l'une de l'autre. Les dommages pour l'Église en général et pour le pape en particulier sont incalculables, conclut le quotidien.
Même avis du côté du General Anzeiger de Bonn. Le pape voulait bâtir des passerelles dans sa propre chapelle. Il aura seulement réussi à détruire des ponts entre deux religions. Il voulait réconcilier, il a divisé. Et surtout, note le journal, il met sa réputation en jeu et démotive ses propres fidèles.
La Frankfurter Rundschau revient sur la prise de position d'Angela Merkel qui a réclamé hier une clarification du Vatican. La chancelière allemande, qui est elle-même protestante, a eu raison selon le journal. Le fait de nier l'Holocauste n'est pas une question théologique et combattre ce genre de position relève du devoir de l'Etat allemand et de l'Humanité. Mais la critique peu diplomatique d'Angela Merkel a également des raisons politiques. Il en va des relations avec Israël. Le pape semble l'avoir oublié. La nouveauté, c'est qu'il ait besoin de l'aide d'une dirigeante protestante pour ouvrir les yeux.
Die Welt commente pour sa part le scandale d'espionnage au sein de la compagnie allemande des chemins de fer Deutsche Bahn. Le système mis en place par son chef, Hartmut Mehdorn, se caractérise non pas par le procédé douteux utilisé pour espionner les salariés de l'entreprise – qui existait déjà avant lui – mais plutôt par sa capacité à transformer des conflits limités en crises démesurées. Cette fois, il s'agit d'une histoire de protection de données et comme à son habitude, Hartmut Mehdorn s'est d'abord défendu avec acharnement pour finalement plier au dernier moment. Mais il faudra plus que des excuses, note le quotidien. Le patron de la Deutsche Bahn va devoir prendre une part active à l'éclaircissement du scandale et introduire de nouvelles réglementations pour lutter contre la corruption. S'il attend trop, la crise sera incontrôlable et il devra plier bagage.